© reuters

« Super Tuesday » démocrate: moment de vérité pour Sanders, Biden et Bloomberg

Le Vif

Le « Super Tuesday », c’est parti: les démocrates américains votaient mardi dans 14 Etats pour départager le favori Bernie Sanders et l’ancien vice-président Joe Biden, qui a le vent en poupe après avoir rassemblé le camp modéré dans la course à la Maison Blanche.

Cette journée électorale devrait permettre de savoir si le sénateur « socialiste » a pris une avance insurmontable pour défier Donald Trump à la présidentielle de novembre, ou si l’ex-bras droit de Barack Obama parviendra à le rattraper. Avec une inconnue: l’entrée en lice du milliardaire Michael Bloomberg qui, après avoir fait l’impasse sur les quatre premiers scrutins, pourrait priver Joe Biden d’une partie du vote centriste.

Quoi qu’il en soit, c’est une bataille entre septuagénaires.

« C’est le jour J », a lancé sur Twitter Joe Biden, 77 ans, en appelant à la mobilisation.

« Pour battre Donald Trump, nous aurons besoin de la plus grande participation de l’histoire de ce pays », a renchéri Bernie Sanders, 78 ans, en votant dans son fief du Vermont. « Nous avons besoin d’énergie, nous avons besoin d’engouement. C’est ce qu’apporte notre campagne. »

Les premiers bureaux de vote fermeront à 00H00 GMT, mais les résultats s’étaleront sur toute la nuit.

D’un bout à l’autre de l’Amérique, des Etats aussi importants que divers comme la Californie, le Texas, la Caroline du Nord ou la Virginie vont permettre de distribuer en tout plus d’un tiers des délégués qui désigneront in fine le candidat contre Trump lors de la convention démocrate de juillet.

Longtemps ultrafavori mais tombé en disgrâce après de piteux résultats lors des premiers votes, Joe Biden a réussi une remontée exceptionnelle en remportant largement la Caroline du Sud et son vote afro-américain jugé indispensable pour tout prétendant démocrate.

« Promesse de révolution »

Dans la foulée, il a engrangé lundi le soutien de trois ex-candidats: le jeune Pete Buttigieg, révélation des primaires, la sénatrice Amy Klobuchar, populaire dans le Midwest, et le Texan Beto O’Rourke.

« Que vous ayez soutenu Pete, Amy, Beto ou tout autre candidat, sachez qu’il y a une maison pour vous dans cette campagne », a-t-il assuré, sans cacher son émotion lors d’un meeting avec ses nouveaux soutiens lundi soir au Texas.

« Il me fait penser à mon fils, Beau », mort d’un cancer au cerveau, a-t-il dit au sujet de Pete Buttigieg, 38 ans, lui promettant un brillant avenir.

Joe Biden s’est présenté comme l’homme de la « garantie de résultats » face à « la promesse de révolution ».

Les derniers sondages publiés mardi semblent confirmer sa dynamique retrouvée, le replaçant pour certains devant Bernie Sanders au niveau national comme dans des Etats-clés, dont le Texas et la Virginie. L’avance du sénateur du Vermont restait en revanche confortable en Californie, véritable poids lourd de ce « super mardi ».

Or, les candidats qui se sont désistés en faveur de l’ancien vice-président espèrent lui permettre de faire barrage à « Bernie », devenu le favori grâce à un démarrage en fanfare.

« Ce n’est pas un secret », « il y a un effort massif pour stopper Bernie Sanders », a martelé lundi ce dernier, promettant de « combattre » l’establishment démocrate effrayé par ses idées très à gauche.

Pas d’abandon pour Bloomberg

Les thèmes qu’il porte comme l’assurance-maladie universelle se sont peu à peu imposés à tous les candidats démocrates, de manière plus ou moins radicale.

Kevin, qui vote près d’une plage de Los Angeles, rappelle que la couverture médicale « est très chère » aux Etats-Unis. « Même si vous bénéficiez d’une assurance privée avec votre employeur, vous pouvez vous retrouver avec des factures de milliers de dollars », explique-t-il pour justifier son bulletin Sanders.

Cindy Eleanor, 75 ans, a elle voté Biden « parce qu’il faut battre Trump ». Mais elle balaie d’un revers de la main la nouveauté du « Super Tuesday »: Mike Bloomberg. « Ce n’est pas un démocrate! Le seul fait d’être d’accord avec moi sur l’encadrement des armes à feu n’en fait pas quelqu’un qui partage toutes les valeurs démocrates », estime-t-elle.

L’ex-maire de New York, 78 ans et un demi-milliard de dollars dépensé en publicités de campagne, assure être le seul capable de battre le milliardaire républicain — malgré deux premiers débats ratés.

Une contreperformance de sa part laisserait à Joe Biden un boulevard au centre, seul modéré face au socialiste autoproclamé Bernie Sanders, dans un pays où ce terme évoque encore à certains des relents de Guerre froide et de communisme.

Mais à Miami, déjà projeté vers le vote en Floride prévu le 17 mars, Mike Bloomberg a exclu de se retirer. « Pourquoi ne demandez-vous pas à Joe s’il entend se retirer? », a-t-il répondu aux journalistes, visiblement agacé.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire