Joseph Ndwaniye

Suivez mon regard de Joseph Ndwaniye: Bruxelles sans voiture (chronique)

Joseph Ndwaniye Infirmier et écrivain.

Pourquoi pas un lundi ou un vendredi pour mesurer l’impact sur les émissions des gaz d’échappement?

Depuis de nombreuses années maintenant, avec le mois de septembre, revient la Semaine de la mobilité pendant laquelle la population est sensibilisée à la question de la pollution engendrée par les moteurs. Le point culminant de cette semaine instaurée le 22 septembre 1999 est la Journée européenne sans voitures. On propose différentes initiatives destinées à favoriser l’usage des transports en commun et autres moyens de transport non polluants (vélo…).

Les jours qui précèdent le dimanche sans voiture, beaucoup de Bruxellois se demandent comment ils se débrouilleront, comme si on les dépouillait de leur bien le plus précieux. J’entends certains dire que ça ne sert à rien. Que cette action ne permet pas de mesurer vraiment l’impact sur la pollution vu le nombre réduit de voitures qui circulent le dimanche. Pourquoi pas un lundi ou un vendredi pour mieux mesurer l’impact sur les émissions des gaz d’ échappement, sur la diminution des pollutions sonores, la diminution des accidents de la route…? J’ai décidé de passer la journée à me promener en ville afin de prendre la température de la rue sur ce sujet.

J’ai d’abord choisi de me poster au centre de Bruxelles. En arrivant place Sainte-Catherine vers dix heures, j’ai vu plein de gens sirotant qui un thé à la menthe, qui un café, qui, déjà, leur premier verre de vin. Je me suis laissé emporter par un groupe qui se dirigeait vers la rue de Flandre où se déroulait une brocante. Dès le premier stand, j’ai craqué pour un livre: L’Identité, roman de Milan Kundera. J’en achèterai beaucoup d’autres ensuite… Arrivé au milieu de la rue, mes bras étaient en plus chargés de brols dont je ne me servirai probablement jamais, mais les vendeurs m’ont convaincu de l’authenticité des pièces uniques issues des boutiques bobos de la rue Antoine Dansaert, à deux pas.

Pourquoi pas un lundi ou un vendredi pour mesurer l’impact sur les u0026#xE9;missions des gaz d’u0026#xE9;chappement?

Deux heures plus tard, je me suis posé dans un café populaire, face au canal de Bruxelles et j’ai commandé un thé à la menthe fraîche. Les habitués m’ont regardé avec curiosité. L’un d’eux m’a apostrophé pour savoir si je venais du Petit château, le principal centre d’accueil pour demandeurs d’asile, à quelques mètres de là. On n’échappe pas à sa couleur de peau… Dans le café, les discussions sur cette journée étaient très animées. Les mêmes questions revenaient sans cesse: « A quoi ça sert, un seul jour? Ne serait-ce pas mieux une semaine? Ou tous les dimanches? »

Cette journée destinée à donner aux piétons, aux cyclistes et aux transports en commun l’occasion de s’approprier l’espace urbain est donc entrée en vigueur bien avant l’émergence des trottinettes électriques et des vélos en libre service. En plus, j’ai l’impression qu’au fil des ans, il y a plus de voitures qui circulent les dimanches sans voiture. Aurait-on augmenté les dérogations?

Pour rentrer chez moi, j’ai emprunté le pont sur le canal en direction de la basilique de Koekelberg. Le comble, je n’ai pas osé rester sur la rue car j’ai failli me faire renverser à trois reprises: par une course de trottinettes, puis par un groupe de cyclistes, et, enfin, par une voiture de police qui n’avait pas enclenché sa sirène! Cette journée sans voiture, un vrai bordel mais un joyeux bordel. Rendez-vous le 18 septembre 2022.

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