© Reuters

Srebrenica : commémoration du massacre de 8000 musulmans

Des dizaines de milliers de personnes ont afflué dimanche à Srebrenica pour le 15e anniversaire du massacre de 8000 musulmans. Une journée marquée par l’enterrement de près de 800 victimes alors que Ratko Mladic, inculpé de génocide par le Tribunal pénal international, est toujours en liberté.

Le 11 juillet 1995, les forces militaires des Serbes de Bosnie sont entrées dans l’enclave de Srebrenica, sous protection de l’ONU, où elles ont commis le pire massacre de civils en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, tuant quelque 8.0000 hommes et adolescents bosniaques musulmans en quelques jours.

Samedi soir, quelque 10.000 personnes étaient déjà arrivées à Srebrenica pour la commémoration. Parmi elles, 5.000 marcheurs qui ont repris, en sens inverse, le chemin d’une centaine de kilomètres emprunté en juillet 1995 par les musulmans bosniaques fuyant l’enclave.

Dimanche, plus de 170 autocars, selon les organisateurs, devaient conduire les participants aux cérémonies, civile et religieuse, dans la localité de Potocari, où se trouve le mémorial consacré au massacre. Des milliers d’autres personnes convergeaient en voiture vers le site proche de Srebrenica, dans l’est de la Bosnie.

Les cérémonies, civile et religieuse, ont débuté en fin de matinée. Les cercueils des restes de 775 victimes, récemment identifiées du massacre, recouverts d’un tissu vert, la couleur de l’islam, ont été portés en terre dans l’après-midi au centre mémorial où 3.749 corps reposent déjà. Il s’agissait de l’enterrement le plus important par le nombre de corps depuis que le mémorial a été érigé.

Mladic toujours en liberté,  » inacceptable » selon Yves Leterme

« Il est inacceptable que le commandant qui porte la plus lourde responsabilité dans ce massacre, Ratko Mladic, soit toujours en liberté. Sa place n’est pas dans une cache mais à La Haye « , a déclaré Yves Leterme s’exprimant en tant que premier ministre belge et au nom de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Il a également déclaré qu’il était inadmissible que les victimes aient été tuées uniquement en raison de leur origine, de leur religion et parce qu’ils faisaient partie d’une certaine communauté.

En ce qui concerne la justice, M. Leterme a souligné que si la justice ne pouvait pas ramener les morts, elle pouvait mettre un baume sur les blessures des proches et leur permettre de faire leur deuil. « C’est une bonne chose que les chefs politiques et commandants militaires qui portent la plus grande responsabilité de ces tueries ont comparu, ou comparaissent encore, devant la cour internationale de justice. Mais il est intolérable que le commandant qui porte la plus haute responsabilité du massacre, soit toujours en liberté », a-t-il dit.

Dans un message lu devant la foule, Barack Obama a pour sa part qualifié le massacre de « tache sur notre conscience collective » et appelé à l’arrestation de l’ancien général Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie au moment du massacre.

« L’arrestation de Mladic est nécessaire »
Le procureur du Tribunal pénal international (TPI), le Belge Serge Brammertz, a déclaré dans un quotidien allemand que l’arrestation de Ratko Mladic, inculpé de génocide par le TPI pour l’ex-Yougoslavie pour avoir dirigé les opérations du massacre de Srebrenica, est nécessaire à « la crédibilité de l’Union européenne ». « Sans travail judiciaire, il n’y a pas de réconciliation et la stabilité des Balkans reste alors une affaire théorique », prévient le magistrat belge.

A certains responsables politiques qui lui « font comprendre que (la guerre de Bosnie) remonte à 15 ans, que la stabilité des Balkans est importante et qu’il faut regarder vers l’avant », le juge Brammertz leur « donne à chacun le conseil de parler avec des survivants (du massacre) de Srebrenica » en 1995. « Pour ces victimes, ce n’est pas hier. C’est tous les jours », insiste le procureur en jugeant « préoccupant » qu’en Serbie « 65% (de la population) soit contre l’arrestation » de Ratko Mladic. « Il n’est pas normal que ceux qui sont présumément responsables des crimes les plus graves commis sur le sol européen depuis la deuxième guerre mondiale soient toujours perçus comme des héros par une partie de la population« , a-t-ajouté.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire