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Sommet UE-Russie: les quatre sujets qui fâchent

Lors du premier sommet entre la Russie et l’UE depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence russe le 7 mai, les discussions ont tourné autour de la Syrie et de l’Iran, de la coopération énergétique et des visas pour les citoyens russes.

Vladimir Poutine est resté inflexible. Le président russe accueillait à Saint-Pétersbourg, pour le 29e sommet Russie-UE, le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy et son homologue de la Commission européenne José Manuel Barroso au Palais Konstantin. Mais les positions ne semblent guère avoir bougé. Pour le premier sommet entre la Russie et l’UE depuis son retour à la présidence russe le 7 mai, Vladimir Poutine a préconisé une relation UE-Russie « pragmatique, efficace, sans idéologie ou autres stéréotypes ». Les principaux points de friction:

La Syrie

Les dirigeants européens espéraient convaincre Vladimir Poutine d’infléchir son soutien au président syrien Bachar al-Assad. « L’Union européenne et la Russie ont des approches différentes mais nous sommes pleinement d’accord pour considérer que le plan Annan offre la meilleure chance de stopper le cycle de la violence en Syrie », a constaté Herman Van Rompuy, lors d’une conférence de presse commune à l’issue du sommet. Il s’agit « d’éviter la guerre civile et de trouver une solution pacifique et durable », a-t-il ajouté. « Nous devons oeuvrer à l’arrêt immédiat de toute forme de violence en Syrie et à un processus de transition politique », a souligné le président de l’UE, aux côtés du président russe et de José Manuel Barroso.

Vladimir Poutine, dont le pays est le principal soutien du président syrien Bachar al-Assad, n’a pas réagi à l’évocation de la « transition politique », tout en qulaifiant la discussion de « fructrueuse' ». Le président russe était resté ferme sur ses positions lors de ses déplacements à Berlin et Paris vendredi, écartant de nouveau toute sanction de l’ONU contre le régime de Bachar al-Assad de même que le départ du dirigeant syrien. Moscou est un allié de longue date de Damas. Fort de l’appui sans faille de Moscou, Bachar el-Assad, a réaffirmé dimanche dans un discours sa détermination à écraser la révolte populaire qui a éclaté en mars 2011.

Le commerce et la coopération énergétique

Plusieurs désaccords, sur le plan de l’accès au marché russe ralentissent des discussions en cours depuis quatre ans pour conclure un nouveau pacte économique entre l’UE et la Russie. Les Européens souhaitent que Moscou, qui doit rejoindre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) cette année, renforce l’Etat de droit, pour faciliter les investissements des entreprises occidentales sur le marché russe.


L’UE est le plus grand partenaire commercial et économique de la Russie. Près de la moitié du commerce extérieur du géant Russe se fait avec les pays-membres de l’Union Européenne, tandis que les livraisons de gaz russe représentent plus d’un quart des besoins des pays de l’Union européenne. De son côté, Moscou importe une large gamme de produits européens, des voitures allemandes à l’huile d’olive italienne en passant par les meubles suédois de la marque Ikea. Les échanges commerciaux entre la Russie et l’UE sont repassés en 2011 au-dessus du niveau d’avant la crise financière de 2008 avec un volume de 394 milliards de dollars, selon un communiqué du Kremlin.


Sur le plan énergétique, l’UE a mis en place des régulations destinées à empêcher le géant russe Gazprom de contrôler les gazoducs, ce que Moscou condamne. Et ce, alors que Gazprom va lancer en décembre la construction du gazoduc South Stream, destiné à livrer du gaz russe à l’UE via la mer Noire, afin de contourner l’Ukraine, principal pays de transit mais où des conflits tarifaires avec Moscou ont entraîné des interruptions temporaires de livraison vers les pays de l’UE.

L’Iran


Les difficiles négociations entre l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire controversé de Téhéran étaient également au menu. Le président de l’UE a souligné que Bruxelles et Moscou étaient « d’accord sur le besoin urgent d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires ». Mais la Russie a dénoncé par le passé les « sanctions unilatérales » contre l’Iran, jugeant que l’introduction par l’Union européenne d’un embargo pétrolier était « erronée » et relevait d’un « diktat ».


Les négociations entre l’Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire controversé de Téhéran se poursuivront lors de nouveaux pourparlers à Moscou les 18 et 19 juin. Auparavant, Vladimir Poutine rencontre son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad en marge d’un sommet à Pékin mardi et mercredi. Dans le même temps, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a relancé, ce lundi, les espoirs d’une avancée sur ce dossier avec l’annonce d’une nouvelle réunion vendredi à Vienne.

La question des visas pour les citoyens russes


Vladimir Poutine continue également de réclamer, sans résultat pour l’instant, la suppression des visas pour les Russes voyageant dans la zone Schengen, mais l’UE pose nombre de conditions, de la sécurisation des passeports au respect des droits de l’homme.

Le président russe a d’ailleurs ouvert les discussions à Saint Petersbourg sur ce thème: « Une véritable coopération est impossible tant qu’il y aura des barrières pour les ressortissants de nos pays », a-til déclaré. Les journalistes russes qui l’accompagnaient à Berlin puis à Paris vendredi n’avaient eu que des visas d’une journée, qui arrivaient à expiration en pleine conférence de presse dans la capitale française: « Et quoi, ils devaient se lever et partir ? », a demandé, ironique, le chef de l’Etat russe à ses interlocuteurs.

Le Vif.be avec L’Express.fr

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