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Serbie : Boris Tadic et Tomislav Nikolic s’affrontent lors d’élections générales

Dimanche 6 mai, les Serbes se rendent aux urnes pour des élections générales. Boris Tadic, le président sortant, est talonné de près dans les sondages par Tomislav Nikolic, le chef de l’opposition.

Français et Grecs ne seront pas les seuls à aller voter dimanche 6 mai. Sept millions de Serbes sont appelés à se rendre aux urnes pour des élections générales. En démissionnant le 4 avril dernier, neuf mois avant la fin de son mandat, le président sortant, Boris Tadic, désirait aligner l’élection présidentielle sur les législatives et les élections locales.

Officiellement, son objectif était de réduire les coûts de campagne. En réalité, candidat à sa propre succession, il espère ainsi maintenir la coalition au pouvoir et profiter de ses réussites sur la scène internationale. L’arrestation en mai 2011 de Ratko Mladic, l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, et les efforts de dialogue avec le Kosovo, ex-province serbe qui a proclamé son indépendance en 2008, ont permis à la Serbie d’obtenir, en mars dernier, le statut de candidat à l’Union européenne.

Pour autant, les scrutins s’annoncent serrés. Boris Tadic, dirigeant pro-européen du Parti démocratique (DS), devra affronter Tomislav Nikolic, chef populiste du principal mouvement d’opposition, le Parti progressiste serbe (SNS). Les deux hommes s’étaient déjà affrontés en 2004 et en 2008, Boris Tadic l’emportant à chaque fois.

Si les derniers sondages le donnent à nouveau favori pour la présidentielle (31% des intentions de vote, contre 28% pour Tomislav Nikolic), le parti de son rival pourrait bien remporter les législatives et récolter 27% des voix contre 24% pour le DS. Reste à savoir lequel parviendra à former la coalition nécessaire pour diriger le pays.

La fin de l’ultranationalisme ?

La nouveauté de ce scrutin réside dans l’approche de la question européenne. Ancien bras droit de l’ultranationaliste Vojislav Seselj, actuellement jugé à la Haye pour crimes contre l’humanité, Tomislav Nikolic a quitté il y a quatre ans le Parti radical serbe et créé le SNS, favorable à l’intégration du pays dans l’Union européenne (UE). Une reconversion étonnante que ses adversaires ne manquent pas de railler dans leur campagne.
« L’ère du nationalisme radical est terminée », explique Jacques Rupnik, politologue spécialiste de l’Europe centrale et orientale. « Elle fait place à un nationalisme modéré compatible avec l’Europe, qui connaît elle-même une montée des nationalismes ». Malgré la crise, l’UE continue de nourrir les espoirs au sein d’une classe politique consciente qu’une intégration est préférable à un isolement total. Mais le consensus apparent sur l’Europe est à nuancer.

« Si le clivage entre démocrates pro-européens et nationalistes populistes n’est plus aussi clair qu’en 2008, il n’a pas disparu pour autant », rappelle Jacques Rupnik. Une victoire de Nikolic à la tête d’une coalition nationaliste remettrait le projet d’intégration à l’Union européenne au second plan, d’autant plus que celui-ci reste inflexible sur le statut du Kosovo, dont il ne reconnaît pas l’indépendance.

Au sein de la population, en revanche, les divergences sont de plus en plus marquées. La part des Serbes favorables à l’entrée de leur pays dans l’Union a baissé, en cinq ans, de 70% à 50%.
La crise économique et financière dans le Vieux continent a affecté aussi la Serbie : le taux de chômage y atteint 24%, le salaire mensuel net est de 380 euros, et les prévisions de croissance ne dépassent pas 0,5% du PIB pour 2012.

Par Aurélie Carabin , L’Express

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