le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan Al-Saoud. © BELGAIMAGE

Selon l’Arabie saoudite, ses alliés sont d’accord pour résoudre la crise du Golfe

Le Vif

Une résolution de la crise du Golfe opposant le Qatar à la puissante Arabie saoudite et trois de ses alliés arabes depuis plus de trois ans est en vue, a annoncé samedi le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan Al-Saoud.

Dans un entretien exclusif avec l’AFP réalisé à Bahreïn, le diplomate a aussi insisté sur le fait que les pays du Golfe devaient être pleinement consultés si l’administration du président élu américain, Joe Biden, revenait dans l’accord sur le nucléaire iranien. « La seule manière de parvenir à un accord qui soit durable est de procéder à une telle consultation », a-t-il déclaré en marge d’une conférence sur la sécurité à Manama.

Concernant la crise du Golfe, « nous sommes en pleine coordination avec nos partenaires dans ce processus et les perspectives que nous voyons sont très positives en vue d’un accord final », a-t-il souligné, précisant qu’une possible « résolution finale impliquera(it) toutes les parties concernées ».

« Ce que nous envisageons, c’est une résolution qui couvre tous les aspects et qui soit satisfaisante pour toutes les parties concernées », a-t-il dit, en se montrant optimiste: cela arrivera « bientôt ».

Le royaume sunnite d’Arabie saoudite a convaincu ses alliés, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte, de couper leurs liens avec le Qatar en juin 2017, affirmant que le petit émirat était trop proche de l’Iran — rival chiite de Ryad — et qu’il finançait des mouvements islamistes radicaux. Accusations que Doha a toujours démenties.

Les quatre pays ont chassé les Qataris qui résidaient sur leur sol, leur ont fermé frontières et ports et ont interdit d’accès les avions qataris à leur espace aérien.

Des analystes ont affirmé que toute percée ne concernerait probablement que les liens entre Ryad et Doha, à l’exclusion des Emirats arabes unis en particulier, qui ont été les critiques les plus virulents du Qatar depuis le début de la crise.

Le prince Fayçal a cependant indiqué qu’un dégel beaucoup plus vaste était en cours de négociation, bien que les Emirats et Bahreïn n’aient pas encore pesé sur l’avancement des efforts pour résoudre la crise.

– Retour dans l’accord? –

Sur la question du nucléaire iranien, le chef de la diplomatie saoudienne a insisté sur la nécessité d’une consultation impliquant toutes les parties concernées et les pays du Golfe.

« Je pense que nous avons constaté qu’en raison des conséquences du JCPOA (accord de Vienne sur le nucléaire iranien, NDLR), le fait de ne pas impliquer les pays de la région entraînera(it) une accumulation de méfiance et une négligence sur des questions réellement préoccupantes et qui ont un effet réel sur la sécurité régionale », a souligné le ministre saoudien.

Le prince Fayçal a indiqué qu’il n’y avait pas encore eu de contacts avec l’équipe de M. Biden concernant cet accord de 2015 mais « nous sommes prêts à nous engager avec l’administration Biden dès qu’elle prendra ses fonctions ».

« Nous sommes convaincus que le nouveau gouvernement Biden, mais aussi nos autres partenaires, y compris les Européens, ont pleinement reconnu la nécessité d’impliquer toutes les parties régionales dans une résolution », a-t-il déclaré.

Joe Biden a confirmé mercredi être favorable à un retour de son pays dans l’accord si les autorités iraniennes revenaient à « un respect strict » des limites imposées à leur programme nucléaire, avant des négociations sur les autres menaces posées par Téhéran.

Donald Trump, qui doit quitter la Maison Blanche en janvier, a claqué la porte en 2018 de l’accord conclu par les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni avec l’Iran pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire, le jugeant insuffisant pour endiguer les comportements « déstabilisateurs » de la République islamique.

Dans la foulée, le président républicain a rétabli puis durci les sanctions américaines levées en 2015, au grand dam des alliés européens de Washington qui disent vouloir sauver l’accord mais que Téhéran accuse de n’avoir rien fait pour l’aider à contourner les sanctions américaines.

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