Samir Kantar, figure du Hezbollah, tué dans un raid israélien près de Damas

Le Vif

Samir Kantar, une personnalité du Hezbollah libanais ayant été emprisonnée pendant près de 30 ans en Israël, a été tué dans un raid israélien près de Damas, a annoncé dimanche la formation chiite qui combat en faveur du régime de Bachar al-Assad.

Israël s’est félicité du décès du Libanais âgé de 54 ans mais sans revendiquer la responsabilité du raid qui l’a tué.

Selon le Hezbollah, Kantar « a été tué samedi vers 22H15 locales (20H15 GMT) dans le bombardement par des avions de l’ennemi sioniste d’un immeuble résidentiel à Jaramana », une ville druzo-chrétienne de la banlieue de Damas.

Le Libanais était qualifié de « doyen des prisonniers libanais » en Israël, où il a passé 28 ans derrière les barreaux avant d’être libéré en 2008 dans le cadre d’un échange entre le Hezbollah et l’État hébreu.

« Cibler Samir Kantar équivaut à cibler la résistance », a dénoncé le Premier ministre syrien Wael Halaqi. L’Iran, le principal allié du régime syrien, a condamné cet « assassinat » et « la violation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale d’un pays indépendant ».

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé la mort de Samir Kantar qu’il a présenté comme le « chef de la résistance syrienne pour la libération du Golan », un groupe créé depuis deux ans par le Hezbollah pour lancer des opérations dans cette région.

D’après l’OSDH, l’aviation israélienne avait visé à plusieurs reprises Samir Kantar en territoire syrien sans l’atteindre.

La ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked s’est déclarée « heureuse d’avoir appris la nouvelle » de sa mort, mais a tenu à préciser que « l’Etat d’Israël n’a pas revendiqué » le raid aérien. « Il s’agit d’un archi-terroriste qui avait tué une fillette en lui fracassant le crâne et continuait ses activités terroristes depuis sa libération », a-t-elle ajouté.

Allié clé de Damas

Bête noire d’Israël et classé « terroriste » par le département d’Etat américain, le Hezbollah (« Parti de Dieu ») a envoyé des milliers de combattants en Syrie. Ils y appuient l’armée du régime dans son combat contre les rebelles et les jihadistes dans un pays déchiré par un conflit dévastateur ayant fait plus de 250.000 morts depuis 2011.

En septembre, les Etats-Unis avaient inscrit Kantar sur leur liste des « terroristes internationaux », l’accusant d’avoir « joué un rôle opérationnel, avec l’aide de l’Iran et de la Syrie, dans la mise en place d’une infrastructure terroriste sur le plateau du Golan ».

De confession druze et originaire d’Aabey, au sud-est de Beyrouth, Kantar avait été condamné en 1980 à cinq peines de prison et 47 ans additionnels pour avoir tué lors d’une opération à Nahariya (nord d’Israël) un policier, puis un civil israélien pris en otage qu’il avait abattu avant de tuer sa fille, selon la justice israélienne. Il faisait partie à l’époque du Front de la Libération de la Palestine (FLP).

Lui et quatre autres Libanais avaient été libérés dans un échange de prisonniers et de dépouilles entre le Hezbollah et l’Etat hébreu en 2008.

Peu après sa libération, un haut responsable de la sécurité israélien avertissait toutefois que Samir Kantar restait une « cible pour Israël ».

Un ami de la famille, qui n’a pas voulu être identifié, a indiqué à l’AFP que Kantar s’était rendu en Syrie depuis l’annonce par le chef du Hezbollah en avril 2013 que sa formation participait aux combats contre les rebelles. « Sa famille savait qu’un jour il allait mourir » a-t-il précisé.

« Je le connaissais très bien, je le saluais souvent », a témoigné l’un de ses voisins. « Il est arrivé hier dans son appartement après s’être absenté pendant plus de deux mois ».

Kantar était père d’un enfant de quatre ans né après son mariage en 2009 avec une journaliste libanaise.

L’OSDH a indiqué que l’un de ses accompagnateurs avait été tué avec lui et les médias syriens ont évoqué d’autres victimes sans en préciser le nombre.

Un correspondant de l’AFP a constaté sur place que les pelleteuses étaient à l’oeuvre pour essayer de dégager les décombres de l’immeuble où seraient ensevelis des dizaines de blessés.

L’Etat hébreu avait mené en 2006 une guerre d’un mois contre le Hezbollah, qui a causé la mort de plus de 1.200 personnes au Liban, civils pour la plupart, et celle de quelques 160 Israéliens, essentiellement des soldats. Contrairement aux autres milices libanaises, le Hezbollah n’avait pas été désarmé à la fin de la guerre civile de 1975 à 1990.

Un homme clé des opérations militaires du Hezbollah, Imad Moughnieh, avait été tué en 2008 à Damas dans une opération ciblée menée à l’aide d’une bombe posée dans sa voiture. Le Hezbollah avait pointé du doigt Israël qui avait démenti.

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