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Rupture d’un barrage au Brésil : mince espoir de retrouver des survivants

Le Vif

Les pompiers brésiliens gardaient l’espoir samedi de retrouver des survivants parmi les près de 300 disparus lors de la rupture d’un barrage minier qui a fait au moins 10 morts, même si les chances sont considérées minimes, les autorités redoutant des centaines de décès.

« Nous avons encore l’espoir de retrouver des personnes vivantes », a expliqué le colonel Edgard Estevao, commandant des pompiers de Minais Gerais (sud-est).

Les pompiers ont indiqué dans un communiqué que 299 personnes étaient encore portées disparues, 46 des 345 signalées auparavant ayant été retrouvées.

Le colonel Estevao a précisé que 14 hélicoptères survolaient sans relâche d’immenses étendues entièrement recouvertes d’une boue marron aux reflets grisâtres, parsemées de maisons détruites et de véhicules engloutis.

Un autre hélicoptère – militaire – s’est rendu sur place en fin de matinée, avec à son bord le président brésilien Jair Bolsonaro, venu constater l’ampleur des dégâts.

Il n’a pas tenu à s’exprimer sur les lieux, mais a confié par la suite sur Twitter qu’il était difficile de contempler ce paysage sans s’émouvoir. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous occuper des victimes, limiter les dégâts, enquêter et réclamer la justice pour éviter de nouvelles tragédies », a ajouté le chef de l’Etat.

Vendredi, Romeu Zema, gouverneur de l’Etat de Minas Gerais, où une tragédie similaire avait fait 19 morts en 2015, a déclaré que les chances d’en retrouver étaient « minimes ». « Nous ne trouverons probablement que des corps », a-t-il déploré.

La rupture de ce barrage appartenant au géant minier Vale a eu lieu vendredi vers 13h00 locales (15h00 GMT), à Brumadinho, commune de 39.000 habitants située à 60 km au sud-ouest de Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais.

L’armée a annoncé dans un communiqué qu’environ 1.000 militaires avaient été mobilisés sur décision du président Bolsonaro et étaient prêts à être déployés dans la zone.

Le ciel était dégagé samedi matin, mais il a commencé à se couvrir de nuages menaçants dans l’après-midi, laissant redouter des pluies qui pourraient compliquer encore la tâche des secouristes.

« Hier, nous étions mobilisés pour des missions de secours, mais aujourd’hui nous débutons une nouvelle phase, le travail humanitaire, pour venir en aide aux sans-abris et à toutes les personnes désemparées », a expliqué à l’AFP Walter Moraes, de la Croix Rouge.

Anxiété et révolte

À Brumadinho, de nombreux proches de salariés de la mine attendaient des nouvelles avec anxiété et ne cachaient pas leur révolte face au peu d’informations obtenues auprès des autorités.

« Ils ne veulent rien dire! Ce sont nos fils, nos maris, et personne ne dit rien. Mon neveu de cinq ans m’a demandé si son père était mort. Qu’est-ce que je vais lui dire? », a déclaré à l’AFP Olivia Rios.

« La plupart des personnes touchées sont nos employés », a affirmé vendredi le PDG de Vale, Fabio Schvartsman, lors d’une conférence de presse.

« La tragédie environnementale devrait être moindre que celle de 2015, mais la tragédie humaine bien plus importante », a conclu le dirigeant, dont l’entreprise était également impliquée dans le drame d’il y a trois ans et deux mois.

Le site internet d’informations G1 a affirmé que la Justice du Minas Gerais avait ordonné de bloquer des comptes bancaires de l’entreprise totalisant un milliard de réais (233 millions d’euros) en prévision de l’indemnisation des victimes.

Le ministère de l’environnementale a par ailleurs infligé à Vale une amende de 250 millions de réais (environ 58 millions d’euros).

« Tragédie annoncée »

Les causes de la rupture du barrage n’ont toujours pas été établies.

L’ingénieur spécialiste en barrages Dickran Berberian, professeur de l’Université de Brasilia, a affirmé que la désastre de vendredi était « une tragédie annoncée ».

« Le barrage avait déjà donné des signes de fuite par le passé. Je ne vois rien d’imprévisible. Nous n’avons pas ici de volcans, de séismes qui auraient pu provoquer ça. Tout aurait dû être calculé », a-t-il insisté.

En novembre 2015, la rupture du barrage de Samarco, une copropriété de Vale et du groupe anglo-australien BHP, avait fait 19 morts et provoqué un drame écologique sans précédent au Brésil, près de Mariana, à environ 150 km de Belo Horizonte.

« C’est incroyable que trois ans et deux mois après Mariana, un autre accident avec les mêmes caractéristiques ait lieu dans la même région », s’est insurgé Greenpeace dans un communiqué.

À l’époque, des centaines de kilomètres carrés avaient été submergés par un tsunami de boue, qui avait traversé deux États brésiliens et s’était répandu sur 650 kilomètres jusqu’à l’océan Atlantique à travers le lit du fleuve Rio Doce, l’un des plus importants du Brésil.

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