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Retour sur un an de crise migratoire en Europe

Le Vif

Il y a un an, la photo du corps sans vie du petit Aylan, enfant syrien retrouvé noyé sur une plage turque, faisait le tour du monde et choquait l’Europe.

Dans l’année qui suit, à une phase éphémère d’ouverture des frontières sous l’impulsion de l’Allemagne, va succéder une rafale de mesures restrictives dans l’Union européenne.

Aylan, symbole du drame des migrants

Le 2 septembre 2015, une embarcation surchargée de réfugiés syriens qui tentait de rallier l’île grecque de Kos, porte d’entrée dans l’Union européenne, chavire au large de la station balnéaire huppée de Bodrum (sud de la Turquie). Le jeune Aylan Kurdi, sa mère et son frère, ainsi que neuf autres réfugiés syriens périssent dans le naufrage.

Les images du corps de l’enfant de trois ans, gisant face contre terre sur une plage, provoquent une onde de choc à travers le monde.

Bienvenue en Allemagne

Alors que l’Europe connaît une de ses pires crises migratoires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Berlin assouplit ses règles d’accueil pour les ressortissants syriens, renonçant à les renvoyer vers leur point d’entrée en Europe.

L’Allemagne, qui accueillera au total 1,1 million de demandeurs d’asile en 2015 -un record absolu- voit arriver plus de 20.000 migrants le seul weekend du 5-6 septembre. Dans une décision sans précédent, l’Autriche a accepté la veille, en concertation avec Berlin, de faciliter l’accueil et le transit vers l’Allemagne de milliers de migrants coincés en Hongrie, qui a vu affluer en août quelque 50.000 personnes.

La chancelière Angela Merkel appelle ses partenaires européens à ouvrir plus grand leurs portes aux dizaines de milliers de réfugiés qui se pressent aux portes de l’Europe. Après moult tergiversations, la France s’engage à accepter 24.000 réfugiés en deux ans, le Royaume Uni 20.000 Syriens sur cinq ans.

Volte-face de Merkel

L’Allemagne, au bord de la saturation, réintroduit le 13 septembre les contrôles à ses frontières pour « contenir » l’afflux de dizaines de milliers de réfugiés arrivant des Balkans, suspendant la libre circulation dans l’espace européen. La volte-face intervient alors que Mme Merkel est confrontée à des problèmes logistiques et à la grogne de son propre camp politique.

Durcissement à l’Est

La décision de Berlin de contrôler ses frontières fait rapidement des émules, au premier rang desquels les pays de l’Est qui rejettent depuis des semaines l’idée allemande de quotas de répartition des réfugiés entre les 28 membres de l’UE. L’Autriche, la République tchèque, la Slovaquie, pays de transit, rétablissent les contrôles frontaliers. La Hongrie et la Slovénie, principaux pays d’entrée dans la zone Schengen, érigent des clôtures de barbelés.

Partisan d’une ligne dure, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, met en place une nouvelle législation permettant un déploiement de l’armée à la frontière et rendant l’immigration illégale passible de peines de prison ferme. Il annoncera en juillet un référendum, prévu le 2 octobre prochain, contre le plan de répartition des migrants dans l’UE.

Plusieurs pays d’Europe orientale et des Balkans fermeront en février 2016 leurs frontières aux migrants, notamment la Macédoine, la Slovénie, la Serbie et la Croatie.

1 million de migrants arrivés en 2015

Un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015, chiffre record depuis la Seconde guerre mondiale, selon un communiqué publié fin décembre par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

La très grande majorité d’entre eux – plus de 821.000 – est passée par la Grèce, dont 816.000 arrivés par la mer, selon les deux organisations humanitaires qui précisent qu’environ 3.700 migrants ont péri en mer en un an.

Accord fragile avec la Turquie

En mars 2016, l’UE et la Turquie concluent un accord controversé prévoyant le renvoi de tous les migrants et demandeurs d’asile arrivés en Grèce depuis le 20 mars. Depuis, le nombre de migrants transitant par les Balkans et l’Europe centrale a décru. Mais cet accord est aujourd’hui compromis, la Turquie menaçant de le dénoncer si elle n’obtient pas de Bruxelles la libéralisation des visas pour ses citoyens.

La majeure partie du flux passe désormais par l’Italie. Sur les 272.000 migrants et réfugiés ayant traversé la Méditerranée depuis janvier 2016, plus de 112.000 ont rejoint l’Italie, et 3.165 ont péri en mer, selon un bilan de l’OIM publié fin août.

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