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RDC: des enfants quittent l’école pour travailler dans les mines

Pieds nus, dans l’eau jusqu’aux genoux, Isaac, 7 ans, rince une botte de sable sur un tamis pour en extraire du cuivre. Comme lui, des centaines d’enfants du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), quittent l’école pour travailler dans les mines, poussés par la pauvreté.

En février, Isaac a déserté les bancs de l’unique école de Kamatanda, petit village aux cases en terre cuite dans la riche province minière du Katanga, où il était en cours préparatoire. Depuis, il travaille dans la vaste mine de cuivre à ciel ouvert qui surplombe la localité.

Ici, environ 2.000 « creuseurs » artisanaux piochent la terre sous une forte chaleur pour en extraire le minerai, revendu ensuite à des entreprises dans la ville de Likasi, à une dizaine de kilomètres. Quelque 400 enfants, de Kamatanda et d’autres villages environnants, les aident à transporter, trier ou laver le métal dont la province regorge.

« Je gagne 3.000 francs (congolais, moins de quatre dollars) par jour et avec ça, j’arrive à m’acheter des vêtements et à contribuer aux dépenses de la maison », raconte Isaac, troisième d’une famille de huit enfants. Le regard encore plein d’innocence, le petit garçon explique avoir rejoint ses frères et soeurs dans la mine, en raison des difficultés de ses parents à s’acquitter des 30 dollars annuels de frais de scolarité.

Alphonsine Fumbi, une des trois enseignantes de l’école, dit avoir terminé l’année scolaire avec 19 élèves sur 37. Dans l’établissement de trois petites salles, sans porte ni fenêtre, 30% des écoliers bénéficient d’une prise en charge par l’ONG belge Groupe One, chargée de la lutte contre le travail des enfants dans les mines.

« Quand ils abandonnent les cours, ils retournent dans les carrières. Les enfants veulent étudier, mais ce sont les parents qui manquent de moyens » financiers, souligne Alphonsine, elle-même mère de six enfants, dont trois ont aussi travaillé comme « aide-creuseurs ».

Ceux qui font le chemin inverse et retournent à l’école sont rares, comme Modeste Kalamu, un élève âgé de 11 ans, qui veut désormais devenir « directeur d’école ». « Je lavais le cuivre dans l’eau et souvent je transportais des sacs de sable jusqu’à la rivière. Je gagnais 500 francs (congolais) par jour que j’utilisais pour manger », se souvient-il, assurant ne pas regretter d’avoir quitté la mine.

Selon Evelyne Kanjinga, une des responsables de l’ONG Groupe One, certains parents encouragent leur progéniture à déserter l’école pour le travail dans les mines, afin de subvenir aux besoins de leur famille.

En 2009, « nous avons identifié 300 enfants à Kamatanda. Nous essayons de financer des activités génératrices de revenus pour les parents des élèves que nous prenons en charge », indique Evelyne. Mais, pour des raisons budgétaires, l’ONG ne peut en aider que 150 en prenant en charge les frais d’inscription, les tenues et les fournitures scolaires.

Récemment, certains de sept enfants de Marie Mushiya, 37 ans, n’ont plus bénéficié de l’aide de l’ONG. Alors depuis, elle accompagne quatre d’entre eux dans la carrière, où elle leur montre comment gagner leur vie grâce au cuivre.

En 2006, le Bureau international du Travail (BIT) estimait à 30.000 le nombre d’enfants de moins de 18 ans qui travaillaient dans les mines artisanales au Katanga, une province aussi vaste que la France.

Le Vif.be, avec Belga

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