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RDC: décès de l’ex-Premier ministre congolais Antoine Gizenga, le « Patriarche »

Le Vif

Une figure de la vie politique congolaise depuis l’indépendance, l’ancien Premier ministre congolais Antoine Gizenga Fundji et chef du Parti lumumbiste unifié (PALU) est décédé dimanche à Kinshasa à l’âge de 93 ans, rapportent plusieurs médias congolais ainsi que la radio onusienne Okapi citant divers cadres du PALU.

Né en 1925, à Mushiko, dans l’ex-grande province du Bandundu (ouest), M. Gizenga, surnommé « le Patriacrche », a été Premier ministre de 2006 à 2008 lors du premier mandat de l’ex-président Joseph Kabila à l’issue des premières élections libres de l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC). Il avait encore tenté de se présenter à l’élection présidentielle du 30 décembre dernier, mais sa candidature avait été rejetée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) pour « défaut de qualité de signataire de mandat, son dossier ayant été déposé par délégation par un cadre de son parti. Il continuait à se présenter comme l’héritier spirituel de Patrice Emery Lumumba, l’éphémère premier Premier ministre du Congo.

M. Gizenga a débuté ses études au petit séminaire de Kinzambi au Kwilu. Jusqu’en 1947, il étudie la philosophie thomiste au grand séminaire de Mayidi dans le Kongo Central. Fonctionnaire à la Banque du Congo belge, il travaille ensuite à la sûreté coloniale à Léopoldville avant d’embrasser la profession d’enseignant et de s’engager en politique. Considéré comme l’un des pères de l’indépendance congolaise, il devient chef du Parti solidaire africain (PSA), en 1959.

Il est ensuite élu député national lors des législatives de 1960, qui précèdent de peu l’indépendance, le 30 juin. Cet ancien séminariste devient ainsi vice-Premier ministre dans le gouvernement de M. Lumumba. En 1960, quand Patrice Lumumba est assigné à résidence par le chef de l’armée nationale congolaise (ANC) de l’époque, Joseph-Désiré Mobutu, Antoine Gizenga fuit la capitale pour installer le gouvernement à Stanleyville (actuelle Kisangani, nord-est), s’estimant dépositaire de la seule autorité légitime du pays et prend la tête de la République populaire du Congo, une rébellion alors reconnue par 21 pays d’Afrique, d’Asie, et d’Europe de l’Est en février 1961.

25 ans d’exil

Peu après l’assassinat de M. Lumumba, début 1961, il regagne la capitale où il est brièvement emprisonné. A l’issue du conclave de Lovanium en août 1961, il est nommé vice-Premier ministre dans le gouvernement de Cyrille Adoula. Destitué quelques temps après, il est emprisonné jusqu’en 1964 sur l’île Bula Mbemba à l’embouchure du fleuve Congo. Libéré par le Premier ministre Moïse Tshombe en juillet 1964, il crée le 22 août suivant, avec d’autres dirigeants nationalistes, le Parti lumumbiste unifié (PALU), dont il est élu secrétaire général. Arrêté de nouveau, il est en résidence surveillée pendant 14 mois jusqu’au coup d’Etat de Mobutu du 24 novembre 1965.

Il quitte ensuite le pays et reste 25 ans en exil, se réfugiant tour à tour à Moscou, en Angola et au Congo-Brazzaville. Après le début de la dernière guerre sur le sol congolais (2 août 1998 à juin 2003), un conflit régional impliquant sept pays africains, M. Gizenga participe au nom de « l’opposition politique non armée » aux négociations qui aboutiront à l’établissement en 2003 d’un gouvernement de transition. En 2006, lors des premières élections libres depuis l’indépendance, il se porte candidat à l’élection présidentielle – qui se déroulait à deux tours. Il termine en troisième place, avec 13,06% des voix derrière le président sortant Joseph Kabila (44,81%) et l’ancien chef rebelle et puis vice-président Jean-Pierre Bemba (20,03%).

Ce résultat, couplé à celui des législatives qui ont fait du PALU la 3ème force politique à l’Assemblée nationale, a beaucoup pesé dans le jeu des alliances. M. Gizenga et son parti se sont en effet alliés à l’Alliance pour la Majorité présidentielle (AMP) pour constituer la majorité parlementaire devant désigner le Premier ministre. C’est ainsi qu’il accède à la Primature, dont il démissionne le 25 septembre 2008, évoquant le poids de l’âge. M. Gizenga a été élevé en juin 2009 au rang de « héros national », la plus haute distinction en RDC. Il était malade et accusait la fatigue lors de ses rares apparitions publiques

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