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RDC : début du procès de Jean-Pierre Bemba

L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba sera jugé à partir de lundi par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye pour des crimes attribués à ses troupes, principalement des viols, en Centrafrique en 2002-2003.

M. Bemba, 48 ans, qui est toujours sénateur d’opposition en République démocratique du Congo (RDC), est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par des membres du Mouvement de Libération du Congo (MLC), appelés à la rescousse par le président centrafricain Ange-Félix Patassé, victime d’une tentative de coup d’Etat.

Jugé pour les crimes de ses hommes « C’est la première fois dans l’histoire de la justice internationale qu’un chef militaire est jugé au titre de sa responsabilité indirecte pour des viols commis par ses hommes », affirme le bureau du procureur de la CPI, dans un entretien à l’AFP.

« Lorsque les troupes de Bemba ont achevé la conquête des zones occupées par les rebelles, des petits groupes de deux à quatre soldats ont été constitués: ils sont allés de maison en maison, violant, pillant et tuant ceux qui opposaient une résistance », a affirmé le procureur de la CPI, l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, lors d’une conférence de presse avant l’ouverture du procès, prévu pour durer plusieurs mois.

Viols, pillages, meurtres: la population civile centrafricaine a été la cible cinq mois durant, entre octobre 2002 et mars 2003, d’exactions commises par les troupes du MLC, quelque 1.500 hommes venus soutenir l’armée centrafricaine en lutte contre la rébellion menée par le général François Bozizé.

Le viol comme arme de guerre Quelque 400 viols ont été recensés à Bangui, la capitale centrafricaine, selon l’accusation. Pour l’heure, 135 victimes ont été autorisées à participer à la procédure contre M. Bemba. Quelque 1.200 demandes restent à examiner par la CPI.

« Le viol est une arme de guerre », souligne le bureau du procureur: « il sert à humilier les femmes et ceux susceptibles d’exercer des responsabilités au sein de leur communauté ».

« Ceux qui affirment avoir été violés sont des femmes, des hommes, des enfants et des personnes âgées », explique Paolina Massidda, responsable du Bureau du conseil public pour les victimes: « ils ont de 8 à 70 ans ».

Bemba, autorité suprême du MLC Selon l’accusation, M. Bemba était « le président investi de l’autorité suprême sur le MLC qu’il considérait comme sa propre entreprise »: « il était la seule autorité décisionnaire qui exerçait un contrôle sur toutes les questions militaires ».

Le contingent du MLC « a combattu avec l’uniforme et sous le drapeau centrafricain, ce sont les autorités centrafricaines qui avaient en charge le commandement effectif et la discipline », rétorque l’un des avocats de la défense, Aimé Kilolo.

Quant à M. Patassé, renversé par François Bozizé, il a entre-temps bénéficié d’une amnistie de la part du gouvernement centrafricain.

M. Bemba, qui avait fui la RDC en 2007 après avoir perdu l’élection présidentielle de l’année précédente, avait été arrêté le 24 mai 2008 à Rhode-Saint-Genèse par la justice belge en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI. Celle-ci avait été saisie en 2004 par François Bozizé, au pouvoir en Centrafrique depuis 2003.

En détention provisoire depuis son arrestation, M. Bemba n’a pas été reconnu indigent par la CPI. Ses avoirs et ses biens ont été gelés à la demande de la Cour qui avance l’argent nécessaire à sa défense, 30.150 euros par mois.

Le procès de M. Bemba est le troisième procès de la CPI, entrée en fonction en 2002. Les deux premiers procès, en cours, sont ceux de trois chefs de milice de RDC. La CPI est le premier tribunal international permettant la participation effective des victimes qui peuvent demander des réparations.

Le Vif.be, avec Belga

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