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Raids israéliens en Syrie: doit-on craindre une montée des tensions?

Le Vif

Après les raids israéliens dans la région de Damas ce week-end, tuant plus de 42 soldats syriens, la crainte d’une internationalisation du conflit grandit. Mais selon le chercheur Thomas Pierret, ce n’est pas à l’ordre du jour.

Alors que la guerre civile fait rage, la Syrie a été la cible de l’aviation israélienne ce week-end. En 48 heures, Israël a mené deux raids contre des cibles militaires syriennes au nord-ouest de Damas. Mené dans la nuit de samedi à dimanche, l’un des raids aurait tué au moins 42 soldats syriens, rapporte Rami Abdel Rahman, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Selon des sources américaines, la première attaque de vendredi a visé des missiles de longue portée de fabrication iranienne Fateh-110 destinés au Hezbollah. Pour le chercheur Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, les explications israéliennes sont très plausibles: l’État juif n’aurait pas voulu attaquer le régime, mais bien des armes vouées à rejoindre le Liban.

Une joute verbale

Officiellement, Israël et la Syrie sont en état de guerre depuis 1967 et la guerre des 6 jours. Dans les faits, la paix règne entre les deux pays, et ce, malgré la rhétorique antisioniste des dirigeants syriens. Pourtant au lendemain des raids israéliens, beaucoup craignent une internationalisation du conflit.

Le régime de Bachar al-Assad lui-même, par la voix du ministre Faisal Mekdad, a déclaré à la chaîne américaine CNN que le raid israélien était « un acte de guerre ». Une rhétorique timidement belliqueuse reprise par ses alliés chiites dans la région, l’Iran et le Hezbollah libanais. Le ministre iranien de la Défense a menacé Israël « d’événements graves », rapporte le site des Gardiens de la révolution. « Le gouvernement syrien n’a pas besoin d’armements iraniens et ce genre d’informations fait partie de la guerre de propagande et psychologique » contre la Syrie, a ajouté le général Massoud Jazayeri, l’adjoint du chef d’état-major des forces armées iraniennes.

Israël et la Syrie ne souhaitent pas entrer en guerre

De son côté, l’ONU s’inquiète d’une possible escalade des tensions et redoute une internationalisation de la crise. Il n’est pas exclu que les raids israéliens poussent les Etats-unis et les Européens à s’engager davantage dans la crise syrienne. Mais pour Thomas Pierret, ce n’est pas à l’ordre du jour. Selon lui, ni les Israéliens ni le régime syrien ne souhaitent entrer en guerre. « Les Israéliens n’aspirent pas à un changement de régime en Syrie et le régime de Bachar al-Assad n’aurait même pas les moyens militaires de répondre à une attaque israélienne. »

Comme lors du raid israélien le 29 janvier dernier, le régime syrien opte pour des paroles véhémentes, sans riposte militaire. L’État juif avait mené un raid aérien contre un convoi de camions transportant des missiles sol-air SA-17 destinés au Hezbollah. Le parti chiite et le gouvernement syrien n’avaient alors pas réagi. Quatre mois plus tard, la donne a-t-elle changé ? Pour le chercheur Thomas Pierret, « condamner verbalement » Israël a toujours été le fond de commerce du régime.

Mais il semblerait que ce qui rassemblait autrefois les Syriens ne soit plus aussi efficace deux ans après le début de la révolte contre le régime. Selon le chercheur, il y a deux raisons à cela: « De manière quasi-systématique, le régime syrien n’a jamais été capable de répondre aux attaques israéliennes. Enfin, les opposants aux régime ne vont pas rallier un pouvoir qui leur est hostile car celui-ci est attaqué par l’aviation israélienne. Au contraire, ils se disent que les armes détruites ne seront pas utilisées contre eux « .

Par Nadéra Bouazza

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