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Qui est Nikos Mihaloliakos, le petit « Führer » du parti néonazi Aube dorée, jugé lundi?

Le chef d’Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, jugé à partir de lundi pour diriger une « organisation criminelle », est aux commandes du parti neonazi grec depuis sa création il y a 35 ans, après avoir été formé dans le sillage de la dictature des colonels des années 60.

Qualifié de « Führer » du parti dans l’acte de renvoi des juges d’instruction, ce petit homme replet de 57 ans, au tempérament colérique et à la voix fluette, a jeté les bases de sa formation en 1980 en lançant une revue « national-socialiste » baptisée « Aube dorée » (Chryssi Avghi). Le groupuscule formé autour de cette publication a longtemps agi dans la semi-clandestinité, cultivant un discours xénophobe et antisémite, glorifiant Adolf Hitler comme « le visionnaire de la nouvelle Europe ».

Dans les années 90, une première vague d’immigration en Grèce, liée à la dislocation de l’Union Soviétique, fait sortir Aube Dorée de l’ombre sans que le parti obtienne toutefois plus d’1% des voix aux élections. C’est le début, en 2008, de la crise économique et sociale dans laquelle se débat toujours la Grèce qui sert de tremplin au parti de Michaloliakos. Il accède au conseil municipal d’Athènes en 2010 et s’y distingue en faisant un salut nazi en janvier 2011. En mai 2012, en pleine campagne électorale, il déclare sur une chaîne de télévision grecque qu' »il n’y a pas eu de fours crématoires. C’est un mensonge. Et il n’y a pas eu de chambres à gaz ». Le « méandre », le logo d’Aube Dorée, rappelle furieusement une croix gammée, même si Michaloliakos refuse le qualificatif de néonazi, qualifiant son parti « de grec nationaliste ». « La Grèce disparaît, les migrants clandestins sont des millions et parmi eux se trouvent des criminels qui assassinent des personnes âgés dans les villages », éructait-il lors de la campagne des législatives de 2012 sur fond de chants martiaux et du cri de ralliement du parti: « Sang, honneur, Aube Dorée ».

Le discours trouve un écho dans un pays à la classe politique traditionnelle totalement discréditée: Aube dorée gagne près de 7% des voix aux élections de 2012 et Michaloliakos entre au parlement avec 17 autres députés Aube dorée, sur un total de 300, dont sa femme Eleni Zaroulia, qui sera jugée à ses côtés. Leur fille unique, Ourania, également très engagée dans les activités d’Aube dorée, n’est pas poursuivie mais son mari compte parmi les accusés du procès.

Né à Athènes et mathématicien de formation, Nikos Michaloliakos s’est engagé dès l’âge de 16 ans dans les rangs de l’extrême droite grecque avant d’être arrêté pour détention et utilisation d’explosifs. Deux peines de prison en 1976 et 1978, pour des actes de violence, lui ont valu d’être radié de l’armée où il suivait une formation. C’est en détention, au contact du colonel Georges Papadopoulos, l’un des membres de la junte militaire grecque au pouvoir en Grèce de 1967 à 1974, qu’a été formé le jeune militant. Papadopoulos lui confiera la section de jeunesse du parti d’extrême droite EPEN, qu’il quittera par la suite.

Organisé selon la règle du « pouvoir du dirigeant » (« Führerprinzip »), Aube dorée a commencé à agir comme organisation criminelle « surtout après 2008 », multipliant alors les agressions, estime le réquisitoire du parquet. M. Michaloliakos sera jugé libre après avoir passé 18 mois en détention provisoire, le maximum légal. Outre son inculpation pour le crime « de constitution et participation à une organisation criminelle », il devra répondre aussi « de port d’arme illégal » et « en tant que dirigeant du parti, d’instigation morale pour tous les actes criminels, violences, lésions corporelles à des migrants et des opposants à l’idéologie du parti », selon le réquisitoire. « Quand nous serons puissants, nous serons impitoyables. C’est à ce moment-là que nous montrerons ce que sont les milices d’assaut (…), ce que veut dire d’aiguiser les baïonnettes sur les trottoirs », a récemment menacé Nikos Michaloliakos.

Il a été réélu député du parlement, avec sa femme, aux élections législatives de janvier 2015.

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