Max Schrems © Reuters

Qui est Max Schrems, la bête noire de Facebook ?

Le Vif

Le jeune juriste autrichien Max Schrems, qui a obtenu mardi l’invalidation par la justice européenne du cadre juridique sur le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis, est devenu le pire cauchemar de Facebook, au terme de quatre ans de procédure contre le Goliath de l’internet.

Ce croisé de la protection des données n’est pourtant pas le dernier à communiquer sur les réseaux sociaux: « Yay ! », a-t-il réagi mardi dans un tweet victorieux, quelques minutes après avoir appris que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’était prononcée en sa faveur. Facebook est « un outil formidable pour rester en contact avec ses connaissances, confiait-il à l’AFP en 2014. Mais je n’y ai jamais partagé d’informations trop personnelles ». C’est la politique de confidentialité de Facebook et des géants du web qui constitue en effet la cible de ce jeune homme de tout juste 28 ans, à l’allure juvénile, prêt s’exposer largement dans les médias du monde entier pour défendre sa cause. Max Schrems, lui-même utilisateur de Facebook depuis 2007, a pris l’habitude de raconter aux journalistes comment lui est venu le déclic de son combat bénévole. C’était lors d’une conférence dans la Silicon Valley, où il se trouvait pour un semestre d’échange. « Les Américains se moquaient ouvertement des Européens » pour leur insistance sur les droits fondamentaux, expliquait-il il y a un an . « Ils disaient que cela ne prêtait pas à conséquence » de ne pas respecter les textes européens sur la protection des données personnelles. De retour en Autriche, le trublion viennois – toujours étudiant en doctorat de droit – demande à Facebook de lui envoyer une compilation de ses données personnelles, et reçoit un fichier de 1.222 pages répertoriant minutieusement toutes ses informations présentes sur le site, même celles qu’il pensait avoir supprimées. De ce choc, il dit avoir tiré une leçon : pour les géants de l’internet, « les données personnelles sont le nouveau pétrole. Ils veulent les acquérir, c’est tout ».

‘Bats-toi’

En août 2011, il dénonce Facebook pour la première fois pour détention abusive de données personnelles devant l’Autorité de protection de la vie privée en Irlande (DPC), le pays où est établi le siège européen du réseau social. Sa requête ayant été rejetée, il lance un nouveau recours devant la justice irlandaise, qui à son tour saisit la CJUE. Laquelle, par son arrêt de mardi, pourrait bouleverser les règles qui régissent depuis quinze ans ces transferts à des fins commerciales. Max Schrems a fait le déplacement à Luxembourg pour entendre cette décision qu’il a qualifiée de « coup majeur pour la surveillance de masse exercée par les États-Unis ». Les mains dans les poches de son jean, sourire au lèvre dans l’austère salle de justice européenne, il a savouré sa victoire en répondant à de nombreuses interviews. Mais la campagne est loin d’être terminée pour le jeune homme qui a publié « Bats-toi pour tes données ! », un ouvrage militant, et termine une thèse de doctorat sur le sujet: il est à la tête d’un recours collectif de 25.000 usagers devant la justice civile autrichienne accusant là encore Facebook d’utiliser illégalement leurs données personnelles. La requête, rejetée en première instance en juillet, a été portée en appel. Le jeune militant a appelé tous les utilisateurs de Facebook à soutenir son initiative via le site www.fbclaim.com. Faute de bras suffisants pour vérifier l’identité de chacun, il a restreint pour l’instant à 25.000 le nombre de ses co-plaignants, qui réclament chacun 500 euros de dommages-intérêts à Facebook. Plus de 55.000 autres personnes du monde entier ont déjà manifesté leur intention de s’associer au recours. Le groupe Facebook, qui avait salué la décision du tribunal viennois, jugeant « manifestement erronées » les accusations de Max Schrems, avait aussi reproché à l’activiste d’être guidé par des motifs financiers. Soupçons rejetés en bloc par l’un des avocats de Max Schrems, Wolfram Proksch, selon lequel son client « ne vit pas de cette affaire, mais pour elle ».

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