Le désir de savoir ce qui s’est passé avec l’appareil crashé d’Egyptair est grand. Aussi les spéculations vont-elles ont bon train. Si le mauvais temps est exclu, d’autres scénarios sont possibles.
Scénario 1 : une bombe dans l’avion
Pour les autorités égyptiennes, « un acte terroriste est plus probable qu’un incident technique ». Les experts américains estiment également qu’il s’agit de terrorisme et soupçonnent qu’il y avait une bombe à bord. Pour l’instant, il n’y a aucune preuve, même si certains éléments indiquent qu’il y a eu une explosion à bord de l’avion.
« Les images infrarouges et multispectrales indiquent qu’il y a une explosion », a déclaré une source des services de renseignement américains à NBC, tout en ajoutant qu’on ignore encore la véritable cause. Interrogé par la BBC, un expert américain affirme que les premiers éléments indiquent l’explosion d’une bombe plutôt qu’un problème mécanique. Une défaillance de la structure est également possible, mais peu probable.
S’il y avait effectivement une bombe à bord, cela prouve une nouvelle fois que les mesures de sécurité dans les aéroports ne sont pas infaillibles. Selon les experts, les organisations terroristes basées en Yémen, en Syrie et en Afrique de l’Est sont continuellement à la recherche de nouvelles façons d’esquiver les mesures de sécurité et de faire passer des bombes à bords d’avions de passagers. Ils y arrivent plus facilement dans les pays en développement que dans les aéroports occidentaux bien sécurisés.
C’est ainsi qu’en février des terroristes ont réussi à dissimuler une bombe dans un Airbus A321. Quelques minutes après le décollage à Mogadishu en Somalie, un passager a été happé à l’extérieur après une explosion et l’avion a dû faire un atterrissage d’urgence. Comme l’avion avait pris du retard, il est probable que la bombe était censée exploser en plein vol pour faire plus de victimes.
Scénario 2 : le travail d’initiés
La menace d’initiés de l’industrie de l’aviation n’est pas à négliger non plus. En novembre dernier, un employé de l’aéroport aurait aidé à dissimuler une bombe dans un avion à l’aéroport de Charm el-Cheikh en Égypte. Mais selon les autorités égyptiennes, personne n’a été arrêté ou inculpé au sujet de cet acte terroriste. La bombe dans l’Airbus A321 a explosé peu après que l’avion a atteint sa vitesse de croisière.
L’enquête sur le crash EgyptAir se porte sur le personnel au sol et toutes les personnes qui avaient accès à l’avion à Paris, y compris l’équipage de l’avion. Il y a effectivement des cas de radicalisation parmi les employés de l’aéroport Charles de Gaulle à Paris. Un rapport de 2004 révèle ainsi qu' »il y avait des espaces de culte illégaux dans l’aéroport où l’on prêchait l’islam radical et qui étaient utilisés par plusieurs employés musulmans ». Depuis les autorités françaises ont pris des mesures pour mieux passer les employés et les passagers au crible.
Scénario 3 : problèmes techniques
Pour vérifier si le crash est dû à des problèmes techniques, il faut rapidement retrouver l’épave complète ainsi que les boîtes noires. La partie de la Méditerranée où l’avion d’EgyptAir s’est abîmé est plus proche de la terre et beaucoup moins profonde que la zone de l’Atlantique où le vol 447 d’Air France Rio de Janeiro-Paris s’est crashé en juin 2009. On n’a retrouvé les boîtes noires que deux ans plus tard à une profondeur de presque 4 000 mètres.
Scénario 4: les pilotes
D’après EgyptAir, le pilote du vol 804 avait 6 275 heures de vol sur son compteur, dont 2 101 dans l’A320. Le copilote en comptait 2 766. Selon les spécialistes de l’aviation, le risque d’erreurs fatales à bord a considérablement baissé grâce à l’automatisation à grande échelle à bord d’avions modernes. Mais en cas de problème, l’équipage est confronté à une cargaison d’informations parfois difficiles à gérer.
Il est possible aussi qu’un des pilotes ait volontairement fait descendre l’avion. En mars 2015, le copilote Andreas Lubitz a délibérément fait crasher un appareil de Germanwings contre le flanc d’une montagne. (TE)