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Quatre leçons à tirer de l’enseignement finlandais

Notre consoeur de Knack Ann Peuteman s’est rendue dans le Grand Nord afin de découvrir ce que peut nous enseigner l’enseignement finlandais. Voici les quatre points principaux.

LEÇON 1: Faites en sorte que tout le monde veuille devenir enseignant

Dans le top dix des métiers les plus respectés, les enseignants finlandais sont précédés uniquement par les pompiers et les agents de police. En Finlande, la profession d’enseignant est prestigieuse. Pourtant, en moyenne, ils ne gagnent pas beaucoup plus qu’en Belgique. C’est plutôt le contenu du job qui attire les jeunes. Les enseignants finlandais possèdent une grande autonomie : ils peuvent choisir la méthode car le programme d’études leur laisse beaucoup d’espace. Quand ils ne sont pas devant la classe, ils peuvent travailler chez eux. En outre, ils n’ont presque pas d’administration, et on leur donne beaucoup de temps pour préparer leurs cours, délibérer avec leurs collègues ou monter des projets spéciaux.

Aussi beaucoup de jeunes se sentent-ils appelés à devenir professeurs. Seulement, ce n’est pas réservé à tout le monde. Pour donner cours en Finlande, que ce soit en première primaire ou en dernière année de secondaire, il faut décrocher un master en enseignement. Seuls ceux qui obtiennent de très bons points en secondaire peuvent commencer cette formation à condition de réussir l’examen d’entrée difficile composé de deux parties : une épreuve écrite qui examine les connaissances générales et une interview qui sonde la motivation et la personnalité. Chaque année, seul un candidat sur dix est autorisé à entamer la formation de professeur. Du coup, seuls les meilleurs et les plus motivés se retrouvent devant la classe.

LEÇON 2: Laissez les enfants choisir leur direction le plus tard possible

Jusqu’à seize ans, les écoliers finlandais ne doivent pas prendre de grandes décisions. Ils suivent tous plus ou moins les mêmes cours. Quels que soient leur origine, l’endroit où ils habitent ou leurs aptitudes. Cependant, les écoles et les enseignants s’adaptent un maximum aux groupes de classe afin de tirer le meilleur de leurs élèves. Si un enfant a du mal avec l’une ou l’autre matière, on intervient directement pour l’empêcher d’être à la traîne. Du coup, il y a très peu de redoublements en Finlande, ce qui profite non seulement à la confiance en soi des enfants, mais aussi au budget de l’enseignement.

Ce n’est qu’à seize ans que les jeunes doivent faire un choix important: est-ce qu’ils vont travailler, est-ce qu’ils entament une formation professionnelle ou est-ce qu’ils s’inscrivent dans une école académique qui les prépare à l’université ? 94% des jeunes Finlandais décident de suivre le cycle supérieur de l’enseignement, et tous ils obtiennent un diplôme après trois ans. Il n’y a pratiquement pas de décrochages scolaires et ils n’ont jamais entendu parler de système en cascade. D’après les spécialistes de l’enseignement, c’est parce qu’à seize ans même les jeunes à maturité tardive sont assez mûrs pour décider de leur avenir, d’autant que les écoles finlandaises prodiguent des avis d’étude et de carrière professionnels à leurs élèves.

LEÇON 3: Prodiguez un enseignement particulier à chaque enfant

On ne colle pas d’étiquette aux enfants finlandais, et sur papier il n’existe pas de distinction entre les élèves ordinaires et les élèves à problèmes. En Finlande, chaque enfant bénéficie d’aide à la moindre difficulté. Qu’il ait des problèmes à maîtriser les divisions, qu’il ait des troubles d’apprentissage, des problèmes de comportement ou un handicap. Du coup, pratiquement tous les élèves ont besoin à un moment ou à un autre d’explications ou de soutiens supplémentaires, ce n’est pas du tout ressenti comme un stigmate. Aussi les parents finlandais n’ont-ils pas d’objection qu’il y ait des enfants atteints de troubles ou d’un handicap dans la classe de leur progéniture.

La formation de professeurs accorde beaucoup d’attention à la gestion d’enfants ayant des besoins spécifiques, mais toutes les écoles emploient aussi des enseignants titulaires d’un master en enseignement spécialisé. Ils peuvent prendre les élèves atteints de troubles d’apprentissage ou autres pour les aider, mais parfois ils les assistent aussi dans leur propre classe. Dans les écoles finlandaises, il est tout à fait habituel qu’il y ait plusieurs enseignants dans un local de classe. Il arrive même que les élèves qui ont du mal soient assistés par un enseignant spécial ou un assistant de classe. Ceux qui ne savent vraiment pas fonctionner dans un groupe habituel bénéficient de cours séparés dans la même école. Seuls les enfants atteints d’un très lourd handicap sont hébergés dans des écoles séparées.

LEÇON 4: Limitez un maximum les devoirs et les tests

En début de primaire, les enfants finlandais n’ont cours que le matin. Ensuite, ils peuvent rentrer chez eux, mais la plupart restent à l’école pour faire du sport ou une activité artistique. Plus ils grandissent, plus les journées d’école s’allongent. L’école grandit donc avec les enfants, et non le contraire.

Les élèves finlandais n’ont pas beaucoup de devoirs. Ni à l’école primaire ni dans le cycle inférieur secondaire. Quand les enseignants donnent des devoirs, c’est généralement pour faire exercer une nouvelle compétence à leurs élèves. Il arrive souvent que tous les élèves n’aient pas le même devoir, mais les devoirs correspondent à leurs besoins spécifiques.

Les enseignants ne donnent pas souvent de tests, mais suivent tous les jours les progrès de leur classe. L’idée sous-jacente c’est que les enseignants doivent apprendre leurs élèves à apprendre au lieu de les aider à réussir pour leurs tests. En secondaire, tous les cours de cinq semaines sont validés par un test, mais entre les deux, on n’en donne presque pas.

Si les élèves ne comprennent pas quelque chose, ou ont beaucoup de mal avec une matière, on les aide la journée à l’école. C’est exceptionnel qu’on leur donne des devoirs supplémentaires ou des cours particuliers en dehors des heures d’école. Du coup, il leur reste beaucoup de temps pour les loisirs et la détente, et ils sont beaucoup moins sous pression que leurs congénères dans d’autres pays européens.

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