© REUTERS

Poutine maintient le cap avec son nouveau gouvernement

Le Vif

Pas de changement de cap: le président russe Vladimir Poutine a décidé vendredi de reconduire la plupart des poids lourds du gouvernement pour son quatrième mandat, à l’exception de Vitali Moutko, au coeur du scandale de dopage, écarté du dossier des Sports.

La décision de priver Vitali Moutko du poste de vice-Premier ministre chargé des Sports et la promotion du ministre des Finances Anton Silouanov au titre de numéro deux du gouvernement figurent parmi les rares changements annoncés. Réélu triomphalement le 18 mars et investi le 7 mai, M. Poutine, au pouvoir depuis 18 ans, avait fait comprendre, en reconduisant Dmitri Medvedev comme Premier ministre, qu’il ne prévoyait pas de changement de cap. Ces dernières années ont été marquées par des tensions croissantes avec les Occidentaux, une stricte rigueur sur le plan économique et une politique culturelle et sur les questions de société promouvant les valeurs conservatrices. La composition du gouvernement, proposée par M. Medvedev, a été confirmée par M. Poutine lors d’une réunion retransmise à la télévision. « Ce sont tous des gens connus avec une bonne expérience de travail, ils sont bien établis. Je suis d’accord », a-t-il déclaré.

Parmi les rares sortants figure une personnalité clé de la Russie qui a investi massivement ces dernières années dans des événements sportifs, les JO d’hiver à Sotchi en 2014 et le Mondial de foot qui s’ouvre le 14 juin. Montré du doigt par le rapport McLaren de l’Agence mondiale antidopage (AMA), Vitali Moutko sera désormais vice-Premier ministre chargé de la Construction. Son poste de vice-Premier ministre chargé des Sports est repris par Olga Golodets, qui cumulera ce dossier avec la Culture, tandis que Pavel Kolobkov, qui avait succédé en 2016 à M. Moutko au ministère des Sports, est reconduit.

Economie, Finances, Affaires étrangères, Défense, Justice, Intérieur.. Tous ces ministres sont reconduits. Diplomate respecté à l’international, sur le devant de la scène depuis sa nomination comme ministre des Affaires étrangères en 2004, Sergueï Lavrov restera ainsi l’intransigeant chef de la diplomatie russe. Négociateur inflexible, il continuera à 68 ans de porter inlassablement et avec fermeté les positions russes à travers le monde, des crises syrienne et ukrainienne aux relations très tendues avec les Occidentaux, bien qu’il ait pu paraître fatigué ces derniers mois. L’homme des guerres de Vladimir Poutine, présent sur tous les fronts de la Syrie à la modernisation de l’armée, le loyal Sergueï Choïgou, 62 ans, ministre de la Défense depuis 2012, conserve aussi son poste. L’homme qui a maintenu la tête des finances de la Russie hors de l’eau pendant des années très difficiles, au prix de rudes mesures de rigueur, Anton Silouanov, 55 ans, conserve le ministère des Finances. Cet habitué des sommets internationaux est même promu, devenant numéro deux du gouvernement. Figure montante, Maxime Orechkine, jeune économiste de 35 ans propulsé à la tête du ministère de l’Economie en 2016 après l’arrestation de son prédécesseur pour une affaire de corruption, conserve lui aussi ses fonctions dans le nouveau gouvernement.

« Continuité »

Vladimir Medinski, 47 ans, critiqué par certains pour ses prises de position très conservatrices et sa vision de milieux culturels au service du patriotisme, garde les rennes de son ministère. L’homme des négociations cruciales avec l’Opep sur la limitation de la production de pétrole, Alexandre Novak, 46 ans, reste également au ministère de l’Energie. Sont écartés le ministre des Transports Maxime Sokolov et le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, qui payent plusieurs années de graves accidents tant dans l’aviation que dans le transport autoroutier et la faillite de compagnies aériennes russes.

Parmi les sortants figure aussi le vice-Premier ministre chargé de superviser le complexe militaro-industriel, Dmitri Rogozine, connu pour ses déclarations à l’emporte-pièce et ses critiques régulières de l’Occident. Selon les médias russes, il serait pressenti pour prendre la tête de l’agence spatiale russe Roskosmos. Un temps pressenti au gouvernement, l’ex-ministre des Finances Alexeï Koudrine, 57 ans, respecté par les milieux d’affaires et parfois écouté par Vladimir Poutine, a finalement hérité de la tête de la Cour des comptes russe, douchant les espoirs de ceux qui espéraient un tournant pro-occidental.

M. Poutine, dont le nouveau mandat devrait être centré sur le développement économique et social du pays, avait assuré à cette occasion qu’il était « extrêmement important d’assurer la continuité » du gouvernement.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire