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Pourquoi tout le monde veut retourner sur la Lune

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Cinquante ans après le premier pas de l’Homme sur la Lune, de nombreuses puissances mondiales relancent des missions lunaires. Pendant des années, l’intérêt pour la conquête lunaire s’était pourtant essoufflé. Comment expliquer ce revirement ?

Le 15 juillet prochain, les ingénieurs du port spatial national indien de Sriharikota mettront une sonde en orbite autour de la Terre. Ce sera la mission spatiale la plus ambitieuse que le pays ait entreprise. Pendant plusieurs jours, le vaisseau spatial sera manoeuvré au-dessus de la Terre avant qu’une dernière combustion par injection de ses moteurs ne l’envoie vers sa destination finale : la Lune. Cinquante ans après Apollo 11, Chandrayaan-2 va répéter ce voyage, mais sur une trajectoire légèrement différente, explique The Guardian, qui consacre un long article à la conquête lunaire.

Antarctique et Lune, une exploration parallèle

Mais l’Inde n’est pas la seule à vouloir (re)conquérir la Lune. La Chine a envoyé une sonde il y a quelques mois, suivie par une sonde construite par une ASBL israélienne, qui s’est écrasée. Dans le même temps, les États-Unis se sont engagés à mettre en place des laboratoires lunaires dans un avenir proche, tandis que l’Europe et la Russie ont également révélé leur intention de lancer des missions complexes. Mais pourquoi, tout le monde veut soudainement aller sur la Lune, se demande le quotidien britannique ?

Pourquoi tout le monde veut retourner sur la Lune
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Après l’engouement du « Premier Homme sur la Lune », l’intérêt public, mais aussi politique, pour de futures missions habitées s’est rapidement dispersé. Le gouvernement américain a laissé tomber son programme Apollo, notamment en raison de son coût. Depuis, il n’y a eu qu’une poignée de missions de robots sur la Lune. Un schéma similaire à celui de l’exploration de l’Antarctique : « Au début du siècle, il y a eu une course pour atteindre le pôle Sud et personne n’y est retourné pendant 50 ans. Puis nous avons commencé à y construire des bases. Nous approchons désormais de cette étape avec l’exploration lunaire », explique David Parker, directeur de l’exploration humaine et robotique pour l’Agence spatiale européenne, interviewé par The Guardian.

Combiner progrès technologique et savoir-faire humain

Le parallèle ne s’arrête d’ailleurs pas là. L’exploration de l’Antarctique est relancée par les avancées technologiques. Celles-ci peuvent également transformer l’exploration lunaire en réduisant la nécessité d’une présence continue de l’être humain dans des environnements hostiles. Et pour cause, l’écart de coût entre les missions habitées et non habitées est considérable. « Pour une agence spatiale comme la Nasa, qui doit gérer un budget d’un peu plus de 10% du financement qu’elle avait à son apogée, c’est certainement une question clé », juge le Guardian. Le succès de la sonde chinoise Chang’e-4, premier véhicule à s’être posé sur la face cachée de la Lune, en est d’ailleurs l’exemple.

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L’exploitation du progrès robotique en appui à l’intelligence humaine sera d’ailleurs l’épine dorsale du prochain projet américain. La NASA ambitionne notamment de construire une version réduite de la Station spatiale internationale autour de la Lune. Des partenaires d’Europe, du Canada et du Japon ont, entre autres, été invités à prendre part au projet, qui sera construit au cours de la prochaine décennie. Le but ultime de cette opération : qu’un jour une embarcation transporte des humains sur la Lune pour travailler dans des structures préparées pour eux par des robots. Une « bonne nouvelle » pour l’Europe, vu que l’Agence spatiale européenne collabore avec la NASA : « Nous devrions donc être en position de force pour qu’un astronaute européen soit emmené sur la Lune », espère Parker.

Comprendre la Lune, dernière étape avant Mars

Et ces efforts ne seront pas en vain. Il reste encore de nombreuses choses à découvrir sur la Lune, notamment au niveau de sa composition pour tenter de reconstituer son histoire, comme on l’a fait précédemment avec la Terre. « C’est un musée de l’histoire du système solaire », se réjouit Parker.

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Pour les passionnés de l’espace, explorer et comprendre la Lune est également primordial si l’on veut un jour faire le prochain grand pas de l’histoire de la conquête spatiale : envoyer l’Homme sur Mars. Une mission que Parker considère comme « le véritable objectif de l’humanité « . Mais maîtriser la Lune, un environnement potentiellement hostile qui orbite à 400.000 kilomètres de la Terre, et l’espace qui l’entoure est loin d’être une mince affaire. Ce sera un projet de (très) longue haleine, car les scientifiques vont devoir surmonter de nombreux obstacles, notamment technologiques.

L’autre défi, plus symbolique, est que d’autres personnes mettent un jour un pied sur la Lune. Douze hommes ont eu cet honneur, et seulement quatre d’entre eux sont encore en vie. Approchant tous des 90 ans ou presque, on pourrait bientôt se retrouver sans ces précieux témoins. Les agences spatiales sont en train d’accélérer leurs projets lunaires, mais nombreux sont ceux qui pensent que cela prendra encore un peu de temps. Un autre humain aura-t-il la chance de fouler le sol lunaire avant que les derniers « Moonwalkers » ne disparaissent ?

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