L'Afrique connait un boom démographique depuis un siècle. © REUTERS

Pourquoi les Africains sont-ils huit fois plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 100 ans ?

Stagiaire Le Vif

La démographie africaine a connu une énorme croissance en un siècle, passant de 130 millions d’individus en 1900 à plus de 1,1 milliard aujourd’hui. Quelles sont les raisons d’un tel boom démographique ? Les historiens ne sont pas unanimes sur la question : il existerait en effet plusieurs causes possibles à ce phénomène.

Certains spécialistes l’expliquent par les interventions coloniales qui auraient amélioré le secteur de la santé en réduisant les famines et de surcroit le taux de mortalité. Pour d’autres, la période coloniale a favorisé les opportunités économiques des jeunes hommes africains, ce qui leur a permis de se marier plus tôt et donc, de fonder une famille plus rapidement. Une autre hypothèse est que les familles auraient été poussées par les colons à augmenter le nombre de têtes dans leur famille afin de créer de la main d’oeuvre.

Selon Shane Doyle, maître de conférence à l’Université de Leeds en Angleterre et auteur du livre « Before HIV, Sexuality, Fertility and Mortality in East Africa, 1900-1980 », le boom démographique viendrait aussi d’un changement de moeurs. À l’époque, les mentalités commençaient à changer et les enfants hors mariage étaient de mieux en mieux acceptés.

Déjà en 1920, les épidémies principales connues en Afrique ont été contrôlées grâce à l’instauration des pratiques de vaccination et d’installations sanitaires.

L’entre-deux-guerres a vu l’apparition de nouveaux médicaments sur le marché, notamment les antibiotiques contre les infections sexuellement transmissibles. La diminution de la famine et l’augmentation des naissances médicalisées ont aussi joué un rôle.

Bien qu’elle soit efficace concernant ses traitements, la médecine coloniale l’était bien moins lorsqu’il s’agissait de changer les comportements via ses programmes d’éducation à long terme. Cette lacune s’est surtout ressentie lors de la propagation du virus VIH en Afrique au début des années 1980. Le virus, ainsi qu’un déclin de la fertilité, ont ralenti la croissance démographique du continent. En 1989, le taux de VIH dans les zones les plus touchées d’Afrique, comme le Botswana, a atteint environ 37 %.

Aujourd’hui, l’augmentation de l’âge moyen du premier rapport sexuel et l’utilisation croissante des préservatifs ont permis d’enrayer cette augmentation vertigineuse, même si celle-ci reste forte. Certains historiens parlent de surpopulation des villes suite à l’exode rural et annoncent le retour des graves crises alimentaires qui avaient décimé l’Afrique de 1960 à 2000.

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