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Pourquoi le variant Delta inquiète: « Le covid agit différemment maintenant »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Des chercheurs britanniques avertissent que le variant Delta du covid peut être confondu avec une maladie plus bénigne, comme un rhume, un mal de tête ou de gorge. Son impact sur les contaminations et les hospitalisations est réel au Royaume-Uni. Faut-il s’en préoccuper en Belgique? Explications.

Le variant Delta du covid, détecté pour la première fois en Inde, ressemble à un « mauvais rhume », selon cette étude britannique relayée par The Guardian.

« Le covid agit différemment maintenant, plus comme un mauvais rhume », déclare au Guardian Tim Spector, professeur d’épidémiologie génétique au King’s College de Londres et directeur de l’étude. « Les gens pourraient penser qu’ils viennent d’avoir une sorte de rhume saisonnier, et ils vont toujours à des fêtes… nous pensons que cela alimente une grande partie du problème. Donc, ce qui est vraiment important à réaliser, c’est que les principaux symptômes ne sont pas les mêmes que ce qu’ils étaient avant. Ainsi, le symptôme numéro un est le mal de tête… suivi du mal de gorge, de l’écoulement nasal et de la fièvre », affirme-t-il.

Alors que la toux, la fièvre ou la perte de goût et d’odorat sont les symptômes classiques du covid, pour le variant Delta, la toux n’est que le cinquième symptôme répertorié, et la perte d’odorat ne fait même pas partie du top 10, explique l’étude.

Autre aspect à prendre en compte : la contagiosité, et ses répercussions sur les hospitalisations. Le variant Delta est « au moins 40% plus transmissible », et « semble doubler le risque d’hospitalisation », détaille le Guardian. Cela rend également les vaccins un peu moins efficaces, en particulier après une seule dose.

L’analyse du Guardian rappelle que les jeunes adultes sont probablement partiellement vaccinés ou non vaccinés pour le moment et que « les deux tiers de la population en Angleterre ne sont toujours pas protégés par des vaccins contre l’infection symptomatique du variant Delta ». Les données de santé publique britannique indiquent que les cas sont plus élevés et augmentent plus rapidement dans la population non vaccinée au Royaume-Uni (0-29 ans). L’assouplissement de mesures et la fatigue de la population vis-à-vis de celles-ci est aussi à considérer.

« Je pense que le message ici est que si vous êtes jeune et que vous présentez des symptômes plus légers, qui ressemblent à un mauvais rhume ou à une drôle de sensation … restez à la maison et faites un test », conseille Tim Spector.

Au Royaume-Uni, où le variant Delta se déploie particulièrement vite, l’inquiétude est de mise. Boris Johnson a d’ailleurs été contraint de reporter de quatre semaines les assouplissements initialement prévus le 21 juin. Et pour cause : le variant Delta a provoqué en moyenne 50.000 nouvelles infections par jour. Les chiffres des hôpitaux commencent également à suivre la tendance. Cela pourrait conduire à 2.000 nouvelles admissions à l’hôpital par jour d’ici la fin juillet, selon les scientifiques britanniques.

Et en Belgique, alors ?

Faut-il s’inquiéter en Belgique ? De Morgen note deux choses. Notre pays est en retard dans la vaccination par rapport au Royaume-Uni (49% de la population belge a reçu une première dose, contre 79% au Royaume-Uni). Mais la transmission du variant Delta y est par contre moins avancée.

« Maintenant, le variant delta est estimé à 12 % ici », explique le biostatisticien Tom Wenseleers (KU Leuven), dans De Morgen. « Si elle continue de croître au rythme actuel, elle représentera 50 % des infections. D’ici la fin juillet, ce sera 90 pour cent. Alors la question est : allons-nous pouvoir vacciner plus de personnes que les Britanniques ?« 

Une vague estivale avec une occupation des hôpitaux comme dans les deux premières vagues semble peu probable, selon le biostatisticien. « Mais il me semble plausible qu’une autre petite vague arrive. » Steven Van Gucht (Sciensano), cité par De Morgen, n’exclut pas non plus la possibilité que le variant delta provoque une nouvelle hausse des chiffres. Le début des vacances d’été sera un grand test. « Il y a maintenant beaucoup de détente, les gens organisent des fêtes et forment de nouveaux contacts. Nous verrons le résultat à la fin de ce mois ou début juillet. Si les chiffres sont toujours corrects, alors je pense que nous sommes au bon endroit. » Le doute Delta plane encore, pour la Belgique.

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