Pourquoi Donald Trump ressort plus fort de son procès en destitution

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Donald Trump a été acquitté à l’issue d’un procès en destitution historique. Une épreuve qui a finalement renforcé le président et permis d’unifier – ou presque – le parti républicain derrière lui, quelques mois avant l’élection présidentielle.

Ce n’est pas une surprise : Donald Trump a été acquitté par le Sénat à l’issue de son procès en destitution. Sauf l’ancien candidat à la Maison-Blanche Mitt Romney – qui est devenu une nouvelle cible du président sur les réseaux sociaux-, tous les élus républicains ont voté de concert pour soutenir leur président. Mais le verdict populaire aura bel et bien lieu en novembre prochain.

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1225203837226700800Donald J. Trumphttps://twitter.com/realDonaldTrump

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En « précampagne » électorale

Donald Trump n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion de profiter du procès, puis de son acquittement, pour poursuivre une communication qui a déjà des airs de campagne électorale. Il a déclaré avoir enduré « une terrible épreuve » avec sa mise en accusation, orchestrée selon lui par des « gens très malhonnêtes et corrompus ». Nos adversaires « ont fait l’impossible pour nous détruire ».

Mais c’est, à sa grande habitude, sur les réseaux sociaux que sa réaction est tombée, avec une courte vidéo publiée sur son compte Twitter. On le voit devant des affiches électorales où défilent des années, des décennies, puis des siècles… se terminant sur la mention « Trump4eva », en d’autres termes : « Trump pour toujours ». Si le président a passé l’entièreté de son mandat à tacler les démocrates via ses nombreuses publications, cela s’est nettement accéléré ces derniers temps, avec le procès en destitution d’une part, et la bataille démocrate pour lui trouver un rival d’autre part.

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Que pense l’opinion publique de Donald Trump après ces semaines d’opposition entre le camp démocrate et le camp républicain, dans une Amérique de plus en plus polarisée ? Étant donné les scandales et controverses qui gravitent constamment autour du président, les détails de sa campagne de pression sur l’Ukraine seront certainement oubliés d’ici novembre. Mais « la cause sous-jacente de la destitution pourrait bien être la question la plus cruciale sur le bulletin de vote », selon CNN. C’est-à-dire la détermination du président à exercer un pouvoir radical et illimité, ainsi que son refus d’accepter les contrôles du Congrès sur son travail. Les contrecoups politiques de cet épisode vont influencer la course à la présidence, mais aussi la place des sénateurs démocrates et républicains vulnérables dans les États-clés.

Un parti uni (ou presque) derrière Trump

En lançant la procédure « d’impeachment », les démocrates savaient que le président aurait le soutien du Sénat, à majorité républicaine. Mais le moment était-il judicieux ? La semaine avait en effet commencé sous les meilleurs auspices pour le président. Le fiasco des caucus de l’Iowa, où des problèmes techniques ont empêché les démocrates de fournir rapidement les résultats, a été l’occasion pour lui de mettre en lumière un parti qu’il juge incapable : incapable de diriger le pays, incapable de se choisir un champion dans les règles de l’art pour l’affronter en novembre, et désormais incapable de le destituer.

Pourquoi Donald Trump ressort plus fort de son procès en destitution
© Reuters

Donald Trump en ressort renforcé, du moins à court terme. A dix mois de l’élection, il profite de cet évènement, initié par ses rivaux, pour unifier son parti autour de lui. Il bénéficie par ailleurs du meilleur sondage depuis le début de son mandat : 49% d’approbation cette semaine, selon Gallup. Un taux correct qui ne masque cependant pas l’effet que le procès a eu dans l’opinion publique : environ la moitié des Américains souhaitaient qu’il soit démis de ses fonctions.

Mais Trump n’est pas le seul à sortir plus fort de ce procès. Le poste de « président des États-Unis » en ressort également renforcé. Car le Sénat vient bel et bien d’approuver le fait qu’un président peut utiliser son pouvoir à des fins politiques personnelles et ignorer les avertissements et réprimandes du Congrès. Un vote qui aura des implications pour les futurs présidents et qui leur confère en quelque sorte des pouvoirs plus élargis.

Une résistance sans pareil aux scandales

Ce n’est pas la première fois que le milliardaire américain, pointé pour un scandale ou l’autre, s’en sort sans égratignures. Le 7 octobre 2016, le Washington Post publiait une vidéo de 2005 où Donald Trump tient des propos dégradants envers les femmes (« Grab them by the pussy »). Certains républicains se distancient et on lui prédit de perdre le vote des femmes, mais cela ne se produit pas. Début octobre 2016, le New York Times révèle qu’il a déclaré près d’un milliard de dollars de pertes en 1995, échappant ainsi à l’impôt sur le revenu pendant près de 20 ans. Une fois élu, il continue à se démarquer de ses prédécesseurs en refusant de publier ses feuilles d’impôt.

Pourquoi Donald Trump ressort plus fort de son procès en destitution
© Reuters

Autre affaire embarrassante qui a fait grand bruit en 2018 : celle de Stormy Daniels, actrice de films X qui affirme avoir couché avec lui. S’il nie, il est révélé que son avocat a versé, en 2016, 130.000 dollars à l’actrice en échange du son silence. Mais sa base électorale conservatrice lui reste fidèle.

Plus récemment, c’est la possible ingérence des services secrets russes dans la présidentielle Américaine qui le met en difficulté, au point d’ouvrir une enquête, qui durera 22 mois, et de nommer un procureur spécial. Les inculpations pleuvent, avec une liste impressionnante de collaborateurs déchus. Mais il en sort indemne, même s’il n’a pas été disculpé des soupçons d’entrave à la justice.

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