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Porochenko en mauvaise posture après les affrontements meurtriers à Kiev

Le président ukrainien Petro Porochenko était en mauvaise posture mardi, sa majorité fragilisée après les affrontements meurtriers à Kiev entre policiers et nationalistes qui ont rappelé l’opposition d’une partie de la société à une réforme, voulue par les Occidentaux, qui garantit plus d’autonomie aux séparatistes.

Malgré les violences de la veille dans la capitale ukrainienne entre forces de l’ordre et militants du parti d’extrême droite Svoboda, qui ont fait trois morts, le président a continué de défendre bec et ongles le projet de révision de la Constitution, affirmant que « plus de 70% des Ukrainiens soutenaient les amendements constitutionnels sur la décentralisation ».

Alors qu’un calme inhabituel régnait le long de la ligne de front dans l’est de l’Ukraine à l’occasion de la rentrée scolaire, deux policiers ont succombé mardi à leurs blessures, portant le bilan des violences à Kiev à trois morts, tous des policiers.

Les amendements constitutionnels, à l’origine de la colère des nationalistes, sont certes prévus par les accords de paix de Minsk signés en février avec la médiation franco-allemande, mais ils sont jugés trop douloureux par beaucoup d’Ukrainiens qui y voient une concession inacceptable faite aux rebelles et à Moscou après seize mois d’un conflit ayant fait plus de 6.800 morts.

« Tout le monde doit faire des efforts pour que soit respectée la date-limite de la mise en oeuvre des accords de Minsk » qui prévoient un règlement politique dans l’Est rebelle d’ici à la fin de l’année, a insisté mardi le président du Conseil européen Donald Tusk.

La révision constitutionnelle votée lundi en première lecture est une étape clé pour le règlement politique du conflit. Mais son approbation en deuxième lecture pourrait être plus compliquée, la majorité des deux tiers étant nécessaire. La date de ce vote n’a pas encore été fixée.

Pour ne rien arranger, le Parti radical, une petite formation populiste ayant 21 sièges au parlement et qui s’était farouchement opposée aux amendements constitutionnels, a annoncé qu’il quittait la coalition gouvernementale. Même si formellement la coalition dispose toujours d’une majorité de 274 sièges, « elle se fissure de l’intérieur à cause des accords de Minsk », souligne l’analyste politique ukrainien Vadim Karassev, interrogé par l’AFP. « Le président Porochenko est dans une situation difficile : si l’autre partie (les séparatistes et la Russie, ndlr) ne respecte pas Minsk 2, il sera accusé de trahir les intérêts du pays », a poursuivi cet expert. Pour Anatoli Oktyssiouk, analyste au centre pour les études politiques, cette crise montre en revanche que M. Porochenko et les prorusses sont en voie de trouver « un compromis » et laisse présager « un nettoyage de la

En rendant visite aux soldats blessés de la Garde nationale, le chef de l’Etat ukrainien a promis de retrouver les responsables des heurts, qui « ont distribué des battes de baseball et apporté des armes » devant le parlement, et de faire en sorte que « cela ne se reproduise plus jamais ».

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