Caméra de la télévision publique polonaise TVP. © REUTERS

Pologne: démission de plusieurs directeurs de la télévision publique TVP

Le Vif

Les directeurs de plusieurs chaînes de la télévision publique TVP ont présenté leur démission, juste après l’adoption le 31 décembre par le parlement d’une loi sur les médias publics qui les soumet au contrôle du parti conservateur au pouvoir, selon un site professionnel.

Les directeurs de deux chaînes généralistes TVP1 et TVP2, ainsi que les responsables de la chaîne culturelle TVP Kultura, de l’Agence d’informations TAI et du bureau des ressources humaines de la TVP ont présenté jeudi leur démissions au président du groupe qui les a acceptées, selon l’information du site wirtualnemedia.pl, reprise samedi par d’autres médias.

Aucun motif officiel de leur décision n’a été rendu public mais la démission coïncide avec le vote au Sénat polonais, dominé par les conservateurs du parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, qui a approuvé jeudi cette loi controversée, adoptée précipitamment la veille par les députés, malgré les protestations internationales.

Les nouvelles dispositions, qui doivent encore être entérinées par le chef de l’Etat Andrzej Duda, feront expirer avec effet immédiat les mandats des membres des directions et des conseils de surveillance de la télévision et de la radio publiques.

C’est le ministre du Trésor qui aura désormais la compétence de nommer et de révoquer les nouveaux patrons des médias publics, jusqu’à présent choisis par voie de concours organisés par le Conseil national de l’audiovisuel (KRRiT).

Plusieurs organisations de médias comme l’Union européenne de Radio-Télévision (UER/EBU), l’Association des journalistes européens (AEJ) et Reporters sans frontières (RSF), ont exprimé leur « indignation » face à ces dispositions, et le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a demandé des explications à Varsovie.

Le parti de M. Kaczynski, pour qui il ne s’agit que d’un « premier pas » de la réforme, a déjà annoncé que la télévision et la radio publiques, ainsi que l’agence de presse PAP, actuellement des sociétés de droit commercial contrôlées par l’Etat, seraient transformées en institutions culturelles parrainées par un Conseil des médias nationaux, à mettre en place par le nouveau pouvoir.

Pour l’opposition polonaise, il s’agit tout simplement d’une prise de contrôle de ces médias par les conservateurs au pouvoir depuis deux mois.

La première chaîne de la radio publique polonaise Jedynka s’est mise vendredi à diffuser à chaque heure alternativement les hymnes national et européen « pour attirer l’attention » sur le pluralisme et la liberté d’expression menacés, selon son rédacteur en chef.

L’UE réagit

Le commissaire européen au Numérique, l’Allemand Günther Oettinger, a menacé dimanche Varsovie d’enclencher une procédure inédite pour violation des valeurs fondamentales de l’UE, après l’adoption par le Parlement polonais d’une loi soumettant les médias publics au contrôle du parti conservateur au pouvoir.

« Beaucoup de choses plaident pour que nous activions le ‘mécanisme d’Etat de droit’ et que nous placions Varsovie sous surveillance », a déclaré M. Oettinger à l’édition dominicale du journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

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