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Plus de violences envers les migrants depuis la fin de la route des Balkans

La fermeture des frontières dans les Balkans en mars dernier, Médecins sans Frontières a vu doubler le nombre de consultations pour traumatismes violents, dénonce l’ONG mardi. « Pour des milliers de personnes en fuite, cette route constituait l’un des rares moyens d’accéder à une certaine sécurité et protection en Europe. »

Depuis, MSF dit observer une dégradation de la situation humanitaire et médicale en Serbie ainsi que des centaines de personnes bloquées en Serbie, en ex-République yougoslave de Macédoine et en Bulgarie. « Certaines tentent de rejoindre leur pays de destination via des routes dangereuses et en recourant aux services de passeurs malhonnêtes, tandis que d’autres sont coincées dans des zones de transit à la frontière serbo-hongroise. »

Les violences sont également plus nombreuses. Selon les témoignages recueillis par MSF, « il s’agissait pour la plupart de violences prétendument commises par les autorités hongroises ». L’espoir des migrants en Hongrie s’est grandement réduit ces derniers mois avec l’introduction de nombreuses mesures, dont la dernière qui étend les contrôles aux frontières à un périmètre de huit kilomètres dans les terres hongroises, et permet de renvoyer les migrants en Serbie.

Depuis le mois de mars, le nombre de consultations proposées par MSF pour de tels traumatismes a plus que doublé, avec en moyenne un cas sur dix entre avril et juin.

Les équipes de MSF ont pris en charge 188 « survivants d’événements traumatiques » tels que des maltraitances physiques et des actes de torture, des incarcérations, des enlèvements, ou encore des violences sexuelles commis par des passeurs, la police ou des membres de leur communauté. Dans 65% des cas, les migrants ont déclaré avoir subi des violences physiques de la part d’individus en uniforme sur le territoire hongrois et 35% ont dit avoir été maltraités par des voleurs, des passeurs ou d’autres migrants.

La détérioration des conditions dans les zones de transit à la frontière serbo-hongroise a d’autres conséquences. La proportion de patients de MSF souffrant de dépression est en effet passée à près d’un sur trois depuis le mois de mars, alors qu’elle était de 26,7% en octobre 2015. « Le pourcentage de personnes souffrant de stress post-traumatique a également augmenté durant cette période, passant de 14 à 15,9%, tout comme celui des patients souffrant d’anxiété, passant lui de 3,8 à 6,6%. Ces augmentations coïncident avec l’introduction en mars de mesures restrictives à la frontière », poursuit l’ONG.

Si les mesures européennes ont jugulé le flot de demandeurs d’asile dans les Balkans, « des milliers de personnes sont abandonnées, loin des regards, et se retrouvent bien plus exposées aux violences, à l’indigence et au désespoir ».

L’ONG dénonce enfin les manquements des gouvernements européens et balkaniques occidentaux à leur devoir d’assistance auprès de milliers de migrants, et les enjoint « une fois encore » de proposer « des solutions sûres et légales aux migrants en quête de protection ».

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