Geert Wilders et Mark Rutte © AFP

Pays-Bas: les libéraux de Rutte en tête devant trois partis à égalité (sondage)

Le Premier ministre libéral néerlandais Mark Rutte semblait avoir battu mercredi son rival d’extrême droite Geert Wilders lors de législatives scrutées à la loupe en Europe, selon des sondages sortie des urnes.

Ces sondages diffusé à la clôture des bureaux de vote à 20H00 GMT créditaient les libéraux de 31 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement, et attribuaient 19 sièges aux chrétiens-démocrates du CDA, aux progressistes de D66, et au PVV de M. Wilders, avec lequel les principales formations ont d’ores et déjà exclu de gouverner.

Les travaillistes du PvdA, partenaires de la coalition sortante, ont eux enregistré une défaite historique et perdu 29 sièges. Les premiers décomptes officiels partiels étaient attendus vers 23H30 (22H30 GMT).

Après le Brexit au Royaume-Uni et la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, tous les yeux étaient braqués sur la formation de Geert Wilders, dont le score est perçu comme un indicateur de la montée du populisme en Europe à moins de 40 jours de la présidentielle française et avant les législatives allemandes de l’automne.

Le scrutin a été marquée par une participation massive : 81% des 12,9 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes, selon l’Institut de sondage Ipsos. Aux dernières élections en 2010 et 2012, ces taux étaient de 74,6% et 75,3%.

Plusieurs communes ont ainsi du réimprimer des bulletins de votes, ou installer des isoloirs supplémentaires.

Rutte « pas encore débarrassé de moi », assure Wilders

Geert Wilders a de son côté revendiqué « un succès » malgré sa deuxième place ex-aequo avec deux autres formations derrière les libéraux du Premier ministre Mark Rutte.

« Electeurs du PVV, merci! Nous avons gagné des sièges! Le premier succès est acquis! », a tweeté le député controversé, qui avait remporté 15 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement aux dernières élections, « et Rutte n’est pas encore débarrassé de moi! »

« Révolution patriotique »?

Déjà marquée par les questions de l’identité et de l’immigration dans ce pays de 17 millions d’habitants, la campagne avait été phagocytée par l’éclatement le week-end dernier d’une crise diplomatique avec Ankara après l’interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.

A plusieurs reprises dans le passé, l’élu à la chevelure peroxydée a vu son score dégringoler entre les prédictions des sondages et le résultat du scrutin, alors que le score de son Parti pour la Liberté (PVV) est considéré comme un test avant des élections en France puis en Allemagne.

« Mais peu importe l’issue des élections aujourd’hui, le génie ne retournera pas dans la lampe et cette révolution patriotique, que ce soit aujourd’hui ou demain, aura de toute façon lieu », avait-t-il assuré en votant dans la matinée.

Dans son programme politique succinct, le député controversé a promis d’interdire l’accès des Pays-Bas aux immigrants musulmans, d’interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays dont la population compte environ 5% de musulmans.

Votant à l’autre bout de la ville, le Premier ministre sortant Mark Rutte avait affirmé que ce scrutin était « crucial »: c’est « l’opportunité pour une démocratie comme la nôtre de mettre un terme à l’effet domino du mauvais populisme ».

‘Difficile de vivre ensemble’

Le système électoral néerlandais à la proportionnelle presque intégrale oblige à créer des coalitions.

Dans un paysage fragmenté avec 28 partis candidats, la formation du gouvernement pourrait prendre des mois – le record est de 208 jours – et nécessiter un accord à quatre ou cinq partis.

Le CDA et D66 sont des partenaires naturels pour les libéraux mais une telle construction aurait besoin d’un parti supplémentaire pour obtenir la majorité.

Par peur d’attaques informatiques, les bulletins seront intégralement décomptées à la main et les résultats officiels communiqués mardi.

Les files étaient longues aussi dans le quartier du Schilderswijk à La Haye, où la majorité des résidents sont d’origine turque ou marocaine.

« J’ai peur parce que je suis musulmane donc c’est aussi contre moi », confie Khadiga Kallouh, jeune étudiante de 22 ans, en référence aux promesses de « moins de Marocains » aux Pays-Bas de Geert Wilders. « Il devient très difficile pour nous de nous défendre. »

« Je pense qu’on peut toujours vivre ensemble mais cela devient plus difficile », ajoute-t-elle.

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