"Paul et sa femme Linda, en mai 1976, sont en route pour l'aéroport de La Guardia, à New York. Je suis sur le siège face à eux. C'est purement spontané, une façon de montrer ce qui se passe en temps réel. Cela tient à la fois du respect et de l'intimité. Je n'ai jamais voulu rester calé en studio avec le même dispositif de lumières et les mêmes expressions." © HARRY BENSON

Paul McCartney dans le regard d’Harry Benson (en images)

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Le photographe écossais Harry Benson a mené une imposante carrière internationale, croisant longuement la route des Beatles. Pour Le Vif, il commente six de ses clichés, focalisés sur Paul McCartney.

Comme sa biographie officielle l’atteste, Harry Benson (Glasgow, 1929) a « immortalisé en images de nombreux événements et personnages marquants du XXe siècle ». Le genre de photographe tout proche de Robert Kennedy lorsque celui-ci est abattu, le 5 juin 1968 à Los Angeles. Publiant ses innombrables rencontres, d’Elisabeth II à Michael Jackson dans les prestigieux Life, Vanity Fair et The New Yorker.

Le sens de l’histoire fait glisser Benson de la politique aux arts, donc à la musique: ses images des tournées planétaires des Beatles de 1964 à 1966 deviennent presque aussi célèbres que les Fab Four eux-mêmes. Après un premier livre publié en 2013, consacré aux quatre de Liverpool, il publie aujourd’hui Paul, copieux ouvrage centré sur McCartney. Divisé en trois parties: With The Beatles, Wild Life et Band On The Run . Soit, d’abord la tourmente du groupe pop le plus célèbre de l’univers que Benson saisit parfois en candid pictures, comme lors de cette bataille d’oreillers au George V, à Paris, en 1964. Et puis, cette « vie sauvage » des années 1970-1980 où McCartney, sa femme Linda et leurs enfants profitent de retraites pastorales privées, notamment en Ecosse, où Benson sera l’un des rares photographes présents. Le troisième chapitre est consacré au retour triomphal de Paul et de ses Wings en Amérique, au mitan des années 1970.

« 1964, on arrive aux Etats-Unis et je prends cette photo avant d’atterrir à New York. Paul se rase pour être pimpant. Et John, quant à lui, lorsqu’on est sur le tarmac de l’aéroport, déclare qu’il ne voit aucun Freedom Riders (NDLR: militants des droits civils américains). Il semble déçu. Comme vous le savez, c’était une époque troublée. »© HARRY BENSON

Harry Benson, 91 ans, joint à New York, précise ses relations avec son sujet: « J’ai toujours voulu avoir des photos spontanées: cela se situe au-delà de l’amitié. J’ai pris des milliers de clichés, sans vouloir rien saisir de dingue mais avec l’envie de mouvements et d’instants. Essentiellement en lumière naturelle, plutôt de manière rapide, immédiate, capturant ce qui arrivait comme si c’étaient des images live, des scènes de concerts. »

« On est en route vers l’Amérique à bord de l’avion baptisé Wings over America, en mai 1976. Même si ma relation avec Paul était bonne, évidemment, je n’ai jamais voulu être trop proche de lui. Sinon, je serais devenu une sorte d’éditeur de ce que je voyais et photographiais. J’avais ma propre liberté et je voulais la garder. D’ailleurs, Paul n’a absolument eu aucun contrôle sur ce livre. »© HARRY BENSON
« Voilà Paul avec Stella, à Los Angeles, en mars 1975. Paul avait l’habitude de se mettre au piano, sans forcément avoir une chanson en tête. Sa fille de 3 ans était là, en tournée avec la famille, et cela a fait une bonne photo, parce que cela fait partie d’une bonne histoire. »© HARRY BENSON
« On est dans une limousine de tournée, en 1976. Linda a pris mon appareil et nous photographie! C’est une belle journée ensoleillée, on a quitté tout ce qui est studio et pose. Les situations que j’ai vécues, j’espère qu’elles ont quelque chose qui tient de l’âme, en dehors de positions plus posées où les lumières sont réglées. »© HARRY BENSON
« Ils sont là, à quatre, dans une bataille d’oreillers, à Paris, en 1964. C’est le moment où tous les photographes sont partis et je me retrouve seul avec eux! J’ai attendu que l’ambiance business retombe et puis il y a eu cette annonce qu’ils étaient numéro 1 aux USA. Ce succès a eu un énorme impact sur ce qu’ils vivaient à ce moment-là. »© HARRY BENSON
Paul, par Harry Benson, Taschen, 172 p.
Paul, par Harry Benson, Taschen, 172 p.© HARRY BENSON

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