Sophie Wilmès, ministre des Affaires étrangères, en route pour la Grèce. © Belga

Ouïghours: la Chine avertit la Belgique, Wilmès défend l’indépendance du parlement

La Chine met la Belgique en garde contre une dégradation des relations bilatérales, après le voteau parlement dénonçant « un risque sérieux de génocide » au Xinjiang. La ministre des Affaires étrangères réagit.

« Nous appelons la Belgique à rectifier immédiatement son erreur », a déclaré devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

La commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé mardi une proposition de résolution qui reconnaît « un risque sérieux de génocide » de la minorité ouïghoure en Chine et condamne les « crimes de persécution et les violations massives des droits humains dans la région autonome du Xinjiang qui peuvent être constitutives de crimes contre l’humanité ».

Un million de membres de la minorité musulmane ouïghoure au Xinjianga été placé en centres de rééducation politique, selon des organisations de défense des droits humains. Pékin dément ce chiffre et parle de centres de formation professionnelle destinés à éloigner les Ouïghours de la radicalisation, après des attentats attribués à des islamistes.

Si la Chambre approuve le texte en séance plénière le 1er juillet, elle rejoindra les parlements néerlandais, canadien, lituanien, tchèque et britannique ainsi que l’administration du président américain Joe Biden.

La reconnaissance d’un risque sérieux de génocide implique l’adoption de mesures préventives, conformément à la convention internationale de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide.

La proposition de résolution contient 20 demandes au gouvernement fédéral belge, notamment de condamner la politique menée à l’égard des Ouïghours, le travail forcé ou les stérilisations forcées dont cette population musulmane fait l’objet, de plaider auprès des instances européennes pour un élargissement des sanctions à l’égard de la Chine si la répression des Ouïghours ne cessait pas ou encore de dénoncer les traités d’extradition bilatéraux avec la Chine si la situation devait s’aggraver.

Nous ne faiblirons pas

Le député Samuel Cogolati (Ecolo-Groen) s’est défendu mercredi de viser la Chine dans le combat qu’il mène en faveur de la minorité ouïghoure. Il n’entend toutefois pas faiblir face aux injonctions de Pékin après le vote d’une résolution en commission des Relations extérieures de la Chambre.

« Notre message n’est pas contre la Chine, mais pour le respect des droits humains », a souligné le député. « Peu importe la religion ou la couleur de peau, nous avons toutes et tous un droit fondamental à la dignité. C’est pourquoi l’incarcération de plus d’un million de Ouïghours innocents dans des camps, uniquement en raison de leur ethnicité, est une honte ».

Le parlement fédéral, « face aux pressions », a mené son travail en écoutant des experts et des témoins de la situation vécue par cette minorité musulmane en butte à la politique répressive du régime chinois dans la province du Xinjiang, a-t-il rappelé.

Le porte-parole chinois s’en est pris directement mercredi au député écologiste Samuel Cogolati, à l’origine de la proposition de résolution. Ce qui a déjà valu à M. Cogolati de figurer parmi des personnalités européennes visées par des sanctions chinoises. « Ce député a délibérément répandu des mensonges et des fausses informations, causant un tort grave aux intérêts et à la souveraineté de la Chine », a ainsi accusé M. Zhao.

Wilmès: « le parlement est indépendant »

« Dans tous nos contacts avec les autorités chinoises, moi-même, mon cabinet, le SPF Affaires étrangères, nous soulignons toujours l’importance des droits humains et nos inquiétudes sur la situation au Xinjiang, mais aussi à Hong Kong », a commenté la cheffe de la diplomatie belge, actuellement en visite officielle en Grèce.

« Je l’ai encore fait le 8 mai dernier lors d’un contact avec mon homologue chinois ; je lui ai rappelé aussi que le Parlement a son indépendance, sa liberté de réflexion et d’expression, et que, si nous entretenons des rapports avec le Parlement qui contrôle le gouvernement, il ne revient pas à ce dernier de le contrôler », a ajouté Mme Wilmès.

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