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Oradour-sur-Glane: Werner C, 88 ans, inculpé pour sa participation au massacre

Le Vif

Près de 70 ans après les faits, un Allemand de 88 ans a été inculpé pour avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane, le pire commis en France par l’armée nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Werner C., 88 ans, coulait une retraite tranquille dans la banlieue de Cologne, en Allemagne, jusqu’à ce que son passé d’officier SS ne le rattrape.

L’octogénaire vient d’être inculpé pour avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane, le pire commis en France par l’armée nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pour fonder leurs accusations, les enquêteurs se basent sur un document inédit retrouvé par un historien dans les archives de la Stasi, les services secrets de l’ex-RDA.

Le retraité, âgé de 19 ans au moment des faits, a reconnu avoir été membre du régiment Der Füher de la division blindée SS Das Reich qui a exécuté méthodiquement 642 civils à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. S’il concède s’être trouvé sur les lieux au moment des faits, il nie cependant avoir participé au massacre. »
25 hommes abattus à la mitrailleuse

Selon l’acte d’accusation, Werner C. aurait pourtant tenu un rôle crucial dans la réalisation de ce massacre. Il est accusé du « meurtre collectif de 25 personnes » et de « complicité dans le meurtre de plusieurs centaines d’autres », a annoncé le tribunal de Cologne. Plus précisément, « tous les habitants du village avaient été rassemblés sur la place du marché et les hommes avaient été séparés des femmes et des enfants ». « Les hommes avaient ensuite été divisés en quatre groupes (…) et emmenés par des pelotons d’exécution dans quatre granges pour y être tués », poursuit le tribunal.

« Il aurait peut-être même transporté du combustible »

Le retraité est plus précisément accusé d’avoir abattu à la mitrailleuse, avec un autre membre du régiment, 25 hommes dans une des granges. Des survivants avaient été achevés au pistolet ou tués dans l’incendie de la grange, allumé par les soldats allemands. « L’accusé se serait ensuite rendu à l’église » d’Oradour-sur-Glane où « 254 femmes et 207 enfants » ont été massacrés « à l’aide d’explosifs, d’armes automatiques et de grenades », avant que l’édifice ne soit brûlé, provoquant la mort des derniers survivants, a rappelé le tribunal. L’accusé aurait « assuré une garde à proximité de l’église » et il y aurait peut-être même transporté du combustible, estime le tribunal pour soutenir l’accusation de complicité de meurtre.

Un procès aura-t-il lieu?

Près de 70 ans après les faits, Werner C. risque-t-il de devoir répondre de ses actes devant la justice? L’organisation d’un procès reste suspendue à la décision du tribunal de Cologne qui a laissé jusqu’à fin mars à l’accusé pour s’y opposer.
Cette procédure va prendre « plusieurs semaines », a expliqué Andreas Brendel, procureur général de l’Office centrale chargé d’enquêter sur les crimes nazis, qui dépend du parquet de Dortmund où la décision d’inculpation a été prise.
Cinq autres personnes soupçonnées d’avoir pris part au massacre d’Oradour sont dans le viseur de l’Office central d’enquête sur les crimes nazis. Mais aucune autre inculpation n’est pour le moment prévue, a assuré le procureur « Cela pourrait encore prendre quelques mois », a-t-il conclu.

Ces derniers mois, plusieurs procédures judiciaires ont été ouvertes en Allemagne pour tenter de juger les derniers criminels nazis présumés encore vivants. Si longtemps après les faits, la tâche n’est pas facile. Le tribunal de Hagen, non loin de Cologne, a prononcé mercredi un non-lieu faute de preuves, dans le procès d’un ancien SS de 92 ans, Siert Bruins, accusé de l’assassinat d’un résistant néerlandais aux Pays-Bas en septembre 1944.

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