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Obama – Romney: égalité avant l’ultime débat de lundi

La course à la Maison Blanche reste très ouverte. Grâce à un deuxième débat pugnace, Barack Obama se relance avant l’ultime face-à-face de lundi prochain, ultime rendez-vous d’une fin de campagne décidément serrée.

Hormis le fait qu’Obama était enfin désireux d’en découdre, le deuxième débat n’aura pas apporté grande information sur le fond. Les deux candidats ont une fois de plus rivalisé de programmes fiscaux et économiques vagues et inchiffrables, au désavantage, certes, du Républicain, une fois de plus incapable d’éclaircir quelles niches fiscales il entendait supprimer pour baisser les taux de l’impôt sur le revenu sans aggraver le déficit. Et quelle classe sociale profiterait le plus de ses largesses.

« C’était très serré, mais je vais donner un léger avantage au président », commente John Pitney, professeur de sciences politiques à l’université Claremont McKenna, tout en soulignant que ce n’est pas à son avis « le genre de débat qui puisse changer une grande partie de l’électorat (…) Il n’y a plus beaucoup d’électeurs indécis ».

Dans ce débat forum, une question du public sur la politique d’immigration a quand même eu le mérite de révéler les ambigüités des deux camps. Romney était le plus anti immigrant des Républicains pendant les primaires, une particularité qui lui coute cher auprès de l’électorat latino aujourd’hui. Obama, de ce point de vue, n’a pas été si clair. Les expulsions de clandestins n’ont jamais été plus nombreuses que durant son mandat, et son hésitation à proposer au Congrès une vraie réforme de l’immigration s’expliquent autant par la hargne de la droite que par celle des cols bleus américains au chômage.


Les experts sont partagés sur le vainqueur de la rencontre mais tous reconnaissent, à l’instar de Karlyn Bowman, du centre de réflexion pourtant conservateur American Enterprise Institute, que « Barack Obama est de retour ». « C’était le meilleur débat de la carrière de Barack Obama » pour Jennifer Lawless, directrice de l’Institut des femmes en politique à l’American University et ancienne candidate démocrate.

Des sondages réalisés immédiatement après le débat par les chaînes CNN et CBS donnaient tous deux un léger avantage au président parmi les téléspectateurs. « Les républicains vont être déçus que Romney ne l’ait pas battu, et les démocrates vont être rassurés que le président soit à 100% », note Linda Fowler, professeur à l’université Dartmouth.

L’attitude du président, à l’aise dans ses échanges avec le public, tranchaient avec son comportement à Denver, le 3 octobre. Il a aussi plus volontiers interrompu son adversaire de « ce n’est pas vrai ».

Chercher les femmes

Dans sa réponse sur l’attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, le regard fixé dans les yeux de son adversaire, Barack Obama a dénoncé les propos « insultants » de Mitt Romney, debout à quelques mètres de lui.

Les femmes ont fait l’objet d’attentions particulières des candidats, une catégorie prisée de l’électorat après un rattrapage spectaculaire des intentions de vote des électrices en faveur de Mitt Romney au cours du dernier mois.
Ce dernier a rappelé qu’il avait embauché des collaboratrices lorsqu’il était gouverneur du Massachusetts, entre 2003 et 2007, et dit avoir accepté d’adapter des horaires pour qu’une d’entre elles s’occupe de ses enfants.

« J’ai deux filles et je veux faire en sorte qu’elles aient autant d’opportunités que les fils des autres », a déclaré Barack Obama, après avoir déroulé les mesures d’égalité salariale prises sous son mandat.

Avec ces appels du pied, Jennifer Lawless estime possible « qu’après ce soir et selon la couverture médiatique qui en sera donnée, l’avance de Barack Obama réapparaisse parmi les femmes ».

En salle de presse, à l’université Hofstra, les proches de Barack Obama sont apparus plus triomphants que l’entourage de Mitt Romney, à l’inverse du débat de Denver, quand les conseillers du président avaient mis plusieurs minutes à sortir pour s’exprimer.

Reconnaissant en creux que Mitt Romney n’avait pas battu le président, son proche conseiller Eric Fehrnstrom insistait que « le premier débat avait changé la trajectoire de la course. Je ne pense pas que ce soir y change quoi que ce soit », façon d’admettre que la soirée n’allait pas renforcer l’élan du républicain et que la course restait serrée.

La moyenne des sept derniers sondages montrait une égalité au niveau national. « On va avoir besoin d’un autre débat pour tirer ça au clair », conclut Steffen Schmidt, professeur à l’Université de l’Iowa.

Le dernier débat, consacré à la politique étrangère, aura lieu lundi à Boca Raton, en Floride. Il restera alors 15 jours avant le scrutin du 6 novembre.


Levif .be avec L’Express.fr

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