Place Maïdan (Ukraine) : une manifestation progouvernementale et proeuropéenne, en février 2015.

« Ni la place urbaine ni la place publique ne sont des espaces nécessairement démocratiques »

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les rassemblements populaires pour la démocratie ont souvent pris, ces dernières années, une place publique comme foyer de leur action, Maïdan à Kiev, Tahrir au Caire, le rond-point de la Perle à Manama…

Les rassemblements populaires pour la démocratie ont souvent pris, ces dernières années, une place publique comme foyer de leur action, Maïdan à Kiev, Tahrir au Caire, le rond-point de la Perle à Manama… Pourtant, « ni la place urbaine ni la place publique ne sont des espaces nécessairement démocratiques », écrit Joëlle Zask, spécialiste en philosophie sociale, dans Se réunir (1). Cette préoccupation gagnerait à être davantage prise en compte par les politiques et les urbanistes parce qu' »en démocratie, plus on se réunit, plus grandes sont nos libertés, plus les institutions qui les protègent sont fortes ».

S’appuyant sur une étude historique – « les places de la Grèce ancienne qui ont véritablement accueilli des pratiques démocratiques étaient souvent des « places du platane » » -, Se réunir tente de dégager les conditions de création d’un lieu démocratique pour constater que « la formule idéale d’une place réussie est introuvable », ce qui ne doit pas exempter de s’intéresser aux questions de mobilier, d’orientation ou de forme qui pourraient y contribuer. « La configuration d’une place démocratique dépend non d’un modèle intangible, mais […] de l’environnement où elle se trouve, de l’histoire de la localité, des usagers qui la fréquentent », insiste l’autrice, qui dégage tout de même une constante dans les places démocratiques: « Toutes sont à la fois ancrées dans l’histoire commune et capables d’évolution. »

A contrario, la forme d’une place peut perturber les modes de vie démocratiques. Sans doute n’est-il pas surprenant de constater que les premiers modèles de ce type auxquels on pense, les grandes « esplanades » de la place Rouge, à Moscou, ou de la place Tian’anmen, à Pékin, sont abrités dans des Etats qui sont aujourd’hui les principaux adversaires idéologiques des démocraties.

(1) Se réunir. Du rôle des places dans la cité, par Joëlle Zask, Premier Parallèle, 176 p.

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