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Nancy Pelosi: « Donald Trump est une menace constante pour la sécurité des USA »

Le Vif

Une journée pour l’Histoire à Washington: la Chambre des représentants s’apprêtait à voter mercredi la mise en accusation de Donald Trump pour abus de pouvoir, dans le cadre d’une procédure en destitution qui divise autant la classe politique que le pays.

« D’HORRIBLES MENSONGES », « C’EST UNE AGRESSION CONTRE L’AMERIQUE »: le milliardaire républicain, en passe de devenir le troisième président des Etats-Unis à subir l’opprobre d’un « impeachment », a laissé éclater sa frustration sur Twitter.

« JE N’AI RIEN FAIT DE MAL! »: le milliardaire républicain, qui devrait devenir le troisième président des Etats-Unis à subir un « impeachment », s’est une nouvelle fois posé en victime d’une chasse aux sorcières orchestrée par une « gauche radicale » qui n’aurait pas digéré sa victoire surprise de 2016.

« C’est tragique, mais les actes irresponsables du président rendent sa mise en accusation nécessaire », a rétorqué Nancy Pelosi, la chef des démocrates au Congrès. « Il ne nous a pas laissé d’autre choix », a-t-elle ajouté en ouvrant les débats devant la Chambre des représentants, où son parti est majoritaire.

Le 45e président des Etats-Unis, qui entend briguer un deuxième mandat en novembre 2020, est visé par deux articles de mise en accusation –abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès– parce qu’il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle.

Dans une capitale fédérale sous tension après trois mois d’une procédure acrimonieuse, la chambre basse exercera ainsi « l’un des pouvoirs les plus solennels » que lui garantisse la Constitution, a souligné Nancy Pelosi.

Il reviendra ensuite au Sénat d’organiser le procès de Donald Trump, probablement en janvier. Les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont déjà prévenu qu’ils avaient la ferme intention d’acquitter le président.

« Protéger notre démocratie »

Bloc contre bloc: les élus se sont succédé à la tribune de la Chambre exposant deux visions irréconciliables.

Pour les républicains, la procédure de destitution est « une blague absolue », une « supercherie », qui ne s’appuie sur « aucun fait » et est motivée par l’aversion des démocrates pour un président qui brise les codes.

« Ils ont peur de la volonté populaire », a lancé l’élu Clay Higgins. « Ils nous appellent les pitoyables, ils ont peur de notre foi, ils ont peur de notre force… »

Faux, ont répondu à l’unisson les parlementaires démocrates. Les poursuites contre le président n’ont rien à voir avec des divergences politiques, ont-ils assuré. Il s’agit, selon eux, de « protéger la Constitution », « la démocratie » ou encore « l’état de Droit » menacés par un président qui se croit « au dessus des lois » comme « un monarque » ou un « dictateur ».

Un seul point d’accord a émergé: cette « triste » journée entrera dans les livres d’Histoire.

En effet, seuls les présidents Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 ont vécu une mise en accusation au Congrès. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir telle avanie.

Le tempétueux président septuagénaire veut transformer cette épreuve en victoire politique. Objectif affiché? Utiliser cette procédure pour galvaniser sa base et, grâce à la réussite de l’économie américaine, arracher sa réélection dans moins de onze mois.

Il affirme, et les républicains avec lui, que la procédure de destitution est de moins en moins populaire auprès des Américains.

Les sondages offrent un tableau nuancé. Mais certains l’encouragent dans cette stratégie consistant à nier en bloc toutes les accusations et à affirmer que tout cela n’est qu’une manoeuvre politicienne visant à avoir sa peau.

Dans un télescopage significatif, il montera à la tribune à Battle Creek, dans le Michigan, pour un meeting de campagne « Keep America Great » à peu près au moment où la Chambre passera au vote.

« Une menace »

Pour les démocrates, l’ancien homme d’affaires a trahi le serment de sa fonction. « Pire que Nixon », ne cessent-ils de répéter. Et Nancy Pelosi dit n’avoir eu d’autre choix que de lancer, le 24 septembre, cette procédure de destitution.

« C’est un fait établi que le président représente une menace constante pour notre sécurité nationale et l’intégrité de nos élections », a-t-elle insisté mercredi.

En cause, un chantage auquel le milliardaire républicain et quelques-uns de ses proches auraient soumis le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le 25 juillet, un échange téléphonique entre les deux dirigeants met le feu au poudre.

Donald Trump demande à ce président novice en politique, en proie à un conflit armé avec la Russie, d’annoncer une enquête anti-corruption contre le démocrate Joe Biden et son fils Hunter, ex-membre du conseil d’administration d’une entreprise gazière ukrainienne.

Ancien vice-président, Joe Biden mène la danse dans la primaire démocrate pour l’élection présidentielle et apparaît comme l’adversaire le plus dangereux pour le sortant républicain.

Un faisceau d’informations concordantes et de témoignages semble de plus attester qu’un lien avait été établi entre une annonce éventuelle de ces investigations et le déboursement d’une aide militaire américaine pour l’Ukraine.

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