Filippo Grandi © AFP

Migrants: le patron du HCR exprime sa « honte en tant qu’Européen »

Le Vif

« En tant qu’Européen, j’ai honte qu’il ait fallu un mois pour laisser débarquer seulement 27 personnes » du cargo Maersk Etienne, a lancé lundi le patron du Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi, dénonçant le sort réservé aux migrants en Méditerranée et ailleurs.

La réponse aux mouvements de réfugiés, qui se mêlent à ceux qui veulent migrer vers les pays du nord plus riches pour des raisons économiques, « ne peut pas être de fermer la porte », a affirmé M. Grandi, à l’ouverture de la 71ème session du comité exécutif du HCR, à Genève.

« Nous ne pouvons permettre aux réactions xénophobes, qui ne servent qu’à créer un consensus facile et à attirer des voix électorales, de façonner les réponses à des problèmes certes complexes mais gérables », a insisté le Haut commissaire.

Il a dénoncé « ‘l’externalisation’ de l’asile au-delà des frontières d’un pays » comme on le voit en Amérique du nord, en Asie avec les Rohingyas, ou à plus petite échelle avec les migrants bloqués en mer pendant près de 40 jours à bord du pétrolier danois Maersk Etienne, avant d’être autorisés à débarquer en Sicile le mois dernier.

Nombre de plus en plus faible de réfugiés autorisés à s’installer ailleurs que dans leur pays d’origine

Il s’est aussi dit « profondément déçu » par le nombre de plus en plus faible de réfugiés qui sont autorisés à s’installer ailleurs que dans leur pays d’origine. En 2019, ils étaient 64.000, soit « moins qu’un quart de pourcent du nombre total de réfugiés ».

L’administration Trump par exemple a annoncé qu’elle n’accueillerait que 15.000 réfugiés au maximum pour l’année budgétaire 2021 qui a débuté le 1er octobre. C’est un nouveau plus bas historique.

Il a en revanche salué le lancement par la Commission européenne du « Pacte européen sur la migration et l’asile ».

M. Grandi s’est aussi particulièrement inquiété de la situation dans le Sahel où « une crise politique, sécuritaire et humanitaire a déplacé des millions de personnes ».

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.© Belga

« Peu de situations m’ont autant choqué », a déclaré le Haut-Commissaire, dénonçant les brutalités, les 600.000 personnes forcées d’abandonner leur maison, les 3.600 écoles détruites ou fermées, et « le pire, les milliers de femmes violées ».

Tout en soulignant la responsabilité première de groupes armés, il a aussi dénoncé certaines actions militaires menées par les Etats de la région.

Côté finances, M. Grandi a indiqué que son organisation avait reçu 4,2 milliards de dollars l’année dernière et qu’elle avait touché pour l’heure 52% de son budget pour 2020 ainsi que 460 millions de dollars dans le cadre d’un appel pour faire face à la pandémie.

Fait rare de la part d’institutions internationales vues avec énormément de méfiance par l’administration Trump, M. Grandi a remercié les Etats-Unis nommément pour leur contribution « la plus importante de tous les donateurs, et la plus substantielle d’une longue tradition de générosité ».

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