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Merkel : aider la Grèce seule alternative au « chaos »

La chancelière Angela Merkel a plaidé d’un ton inhabituellement dramatique devant le Bundestag pour une nouvelle aide à la Grèce, de plus de 80 milliards d’euros, certes « dure » pour toute la zone euro mais seule solution alternative au « chaos ». Elle s’exprimait devant les députés du Bundestag qui ont approuvé ce vendredi le nouveau plan européen d’aide à la Grèce.

La chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, a donné son accord vendredi à l’ouverture des négociations sur un troisième plan d’aide financière à la Grèce. 439 députés convoqués en session extraordainaire ont voté en faveur de ce plan de sauvetage, 119 se sont prononcés contre et 40 se sont abstenus – sur 631 élus. Son gouvernement a donc bien reçu, avec une confortable majorité, un mandat pour négocier un nouveau programme d’aide à destination, évalué entre 82 et 86 milliards d’euros sur trois ans.

Une cinquantaine de députés du camp conservateur de Mme Merkel (CDU/CSU) avaient prévu de voter « non » , mais les Verts, dans l’opposition, voulaient se ranger derrière le principe d’une nouvelle aide. Les députés avaient interrompu leurs vacances pour une séance exceptionnelle. Les députés allemands pourraient être appelés à se réunir à nouveau avant la reprise officielle des sessions le 8 septembre prochain. Le Bundestag devra à nouveau approuver, comme d’autres parlements européens, le plan d’aide une fois que ses modalités et son volume auront été fixés. Peu avant le feu vert des élus allemands, leurs homologues autrichiens ont également approuvé le début de négociations sur un troisième plan d’aide à la Grèce.

Ces deux parlements font partie des huit autres pays européens qui devaient ratifier un nouveau plan d’aide. La France et la Finlande ont également déjà donné leur approbation jeudi. Afin d’accélérer le processus de négociation et le secours financier de la Grèce, les ministres des Finances de la zone euro s’entretiendront par téléphone dans le courant de l’après-midi, après 15h00, a indiqué le porte-parole du président de l’Eurogroupe. Il est question qu’une première tranche d’aide à court terme soit libérée d’urgence, via un fond communautaire (FESM). Un tel « pont financier » devrait permettre à la Grèce d’honorer ses remboursements les plus pressant, dont un lundi à l’égard de la Banque centrale européenne (BCE). Ce financement assurerait un relais durant les négociations sur le troisième plan d’aide qui devraient durer environ un mois.

Refuser un nouveau programme d’aide à la Grèce aurait été « le chaos »

« Il ne fait aucun doute que le résultat de lundi matin est dur pour les gens en Grèce, mais aussi pour les autres », a lancé Mme Merkel devant les députés allemands, qui devaient largement donner leur feu vert à la négociation d’un troisième plan d’aide. La chancelière a souligné que d’un côté cet accord, résultat d’une « dernière tentative » de négociations, demandait « une solidarité sans précédent » aux uns en contrepartie « d’exigences sans précédent » pour la Grèce. Mais « nous agirions de manière complètement irresponsable si nous n’essayions pas de prendre cette voie », a-t-elle dit, car « l’autre option serait le chaos assuré » et aurait vu le pays « saigné à blanc ». « Nous n’avons pas simplement pris une décision sur la Grèce, nous avons pris une décision pour une Europe forte et une zone euro forte » selon la chancelière, qui plaidait auprès des députés réunis en séance exceptionnelle pour un mandat de négociations donné à son gouvernement sur un nouveau paquet financier en échange de réformes en Grèce. Son vice-chancelier, le ministre de l’Economie social-démocrate, Sigmar Gabriel, a estimé qu’en trouvant un accord à l’arraché sur le principe d’une telle aide lundi, les Européens avaient échapper à « une division de toute l’Europe », qui aurait conduit à « une crise beaucoup plus grave ». « Je sais que beaucoup d’entre vous ont des doutes et des inquiétudes (…), personne ne peut les balayer de la main », a assuré Mme Merkel en direction des députés, dont une cinquantaine sur 311 dans son camp conservateur devraient voter non. Ils ont de sérieux doutes quant à la volonté d’Athènes à se tenir aux termes de l’accord et sont réticents à engager de nouveaux fonds allemands. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui s’est illustré pour ses positions inflexibles envers Athènes, a quant à lui promis vendredi d’employer « toutes ses forces » pour mener au succès les négociations sur une nouvelle aide à la Grèce, décrites comme la « dernière tentative ». Invitant les députés allemands à approuver le principe d’un troisième train de mesures, il a déclaré qu’il existait « une chance de pouvoir conclure positivement ces négociations », ne cachant toutefois pas que ce serait « très compliqué ». Mme Merkel, accusée en Grèce et par beaucoup d’autres Européens d’avoir dicté des conditions insoutenables aux Grecs, a commencé son allocution d’une vingtaine de minutes par un hommage à la population grecque et aux sacrifices qu’on lui impose. « Imaginons un instant ce que cela signifierait si chez nous en Allemagne des retraités désespérés faisaient la queue devant les banques fermées et attendaient qu’on leur verse leurs 120 euros de pension hebdomadaire », a-t-elle lancé. Pour autant, l’Allemagne n’était pas prête, et ne l’est toujours pas, à « dénaturer les traités », par exemple en consentant à tailler dans la dette grecque, parce qu’alors « ils ne vaudraient plus rien ». Or autant qu’une « communauté de responsabilité », l’Europe est « une communauté de droit », a martelé la chancelière.

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