Martin Fayulu © BELGA

Martin Fayulu réclame à Bruxelles un recomptage des voix ou de nouvelles élections

Le Vif

L’opposant congolais Martin Fayulu Madidi, candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre en République démocratique du Congo (RDC), a une nouvelle fois dénoncé samedi à Bruxelles les « résultats fabriqués » de ce scrutin, qui a donné la victoire à un autre opposant, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, désormais au pouvoir, tout en maintenant l’emprise de l’ex-président Joseph Kabila Kabange sur l’appareil de l’Etat grâce à sa large majorité parlementaire.

M. Fayulu a préconisé un « recomptage des voix » lors d’une interview accordée à quelques médias belges – la radio-télévision publique flamande VRT, le journal ‘La Libre Belgique’ et l’agence Belga -, tout en admettant qu’il s’agissait d’un « exercice très difficile » en raison de la manière dont la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a organisé les élections présidentielle, législatives et provinciales.

« Refaire les (trois) élections, c’est possible », a-t-il toutefois affirmé, tout en revendiquant sa victoire à la présidentielle à un seul tour par 62,11% des voix, alors que les résultats de la Céni lui accordent 34,83% (pour 38,57% à M. Tshisekedi), une différence de 686.000 voix qu’il conteste vigoureusement.

« Tous les résultats ont été fabriqués » par le président de la Céni, Corneille Nangaa Yobeluo, a-t-il lancé avant de donner une conférence sur le même thème à la VUB (Vrij Universiteit van Brussel) qui a rassemblé, selon la police, quelque 300 de ses partisans issus de la diaspora dans le calme dans un auditoire de l’université.

Certains d’entre eux – environ 150 personnes – lui avaient réservé un accueil « enthousiaste », voire chahuté, samedi matin à son arrivée à l’aéroport de Bruxelles-National, qui a quelque peu débordé les policiers sur place, selon plusieurs témoins.

M. Fayulu a fait référence devant la presse belge aux propos récemment tenus à Bruxelles par l’ancien archevêque de Kinshasa, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, lors d’un discours devant les Grandes conférences catholiques, lorsqu’il s’était livré à une violente charge contre le « régime désastreux des Kabila » père et fils.

L’ancien primat avait, en se fondant sur les données recueillies par les quelque 40.000 observateurs déployés par l’Eglise catholique lors des élections, déclaré vainqueur M. Fayulu, le leader de la coalition d’opposition Lumuka. Il a aussi cité les déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait affirmé que les élections du 30 décembre en RDC s’étaient achevées par « une espèce de compromis à l’africaine ».

Le chef de la diplomatie française avait aussi fait part de ses doutes lors de l’annonce de la victoire de M. Tshisekedi. M. Fayulu a dénoncé l’accord de partage du pouvoir pour les vingt prochaines années conclu entre M. Kabila et M. Tshisekedi, le président – depuis le décès de son père, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le 1er février 2016 à Bruxelles – du parti historique d’opposition, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS).

« C’est Joseph Kabila qui dirige le pays, c’est lui qui tire les ficelles. Félix Tshisekedi n’est qu’un masque porté par M. Kabila », a-t-il dit. Selon lui, le président honoraire n’a que quitté le pouvoir en apparence après les élections. M. Kabila, qui a succédé à son père assassiné en 2001, s’est donné une majorité (à l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement congolais, où son Front commun pour le Congo, FCC, dispose de 341 députés « élus et nommés », selon M. Fayulu, sur les 500 sièges) « en fabriquant les chiffres », a martelé M. Fayulu, qui se présente comme « le soldat du peuple » congolais.

Grâce aux résultats des provinciales – qui serviront à désigner les sénateurs – M. Kabila va diriger au moins 23 des 26 provinces, a ajouté l’opposant. « Il va diriger le pays. Il n’y aura aucune réforme, c’est la continuité du régime Kabila », a-t-il enfin assuré.

Belga

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