Louise Mushikiwabo © Reuters

Louise Mushikiwabo (OIF): « Ma priorité, c’est la jeunesse »

Désignée en octobre 2018 au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Rwandaise Louise Mushikiwabo compte bien donner un coup de renouveau à cette organisation qui fêtera l’an prochain ses 50 ans. Entretien.

« Peu d’organisations multilatérales sont dédiées à la jeunesse, c’est pourquoi je compte bien lui donner la priorité durant mon mandat de quatre ans, d’autant que l’Afrique, qui compte trente Etats membres, est un continent très jeune et en croissance », a expliqué la Rwandaise Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF, au Vif.be et à trois autres journalistes à l’occasion de sa première visite de travail en Belgique.

Corollaire de ce choix, le numérique sera également propulsé en tête de son agenda. « Je voudrais mieux positionner la langue française sur Internet, comme vecteur de modernité, et encourager une relation décomplexée à notre langue commune, encore trop souvent considérée comme une langue élitiste réservée à des puristes. Et cela passe par la jeunesse et l’éducation. »

Concernant sa relation à la France, qui héberge le siège de l’OIF, elle déclare que « la France a son action bilatérale, et il y aura des convergences, mais nous ne sommes pas nécessairement guidés par la politique de Paris. Naturellement, la France, qui a donné son nom à notre langue, restera un membre très important. Mais elle est de moins en moins le centre de la francophonie, et c’est bon pour tout le monde. » Elle prévoit une montée en puissance de la Fédération Wallonie-Bruxelles au sein des instances de l’OIF, notamment sur les questions de genre.

Notre ADN, c’est le vivre-ensemble

Selon Louise Mushikiwabo, qui était auparavant ministre des Affaires étrangères du Rwanda, la valeur ajoutée de la Francophonie est d’être présente sur les cinq continents et de représenter une plateforme où toutes les cultures se rencontrent. « Notre ADN, c’est de créer des liens de solidarités culturelles et humaines, c’est le ‘vivre ensemble’. Il faut remonter à cette vocation d’harmonie qui était celle des pères fondateurs. On assiste d’ailleurs à davantage d’harmonie entre pays du nord et du sud, sur des sujets politiques comme techniques, et cela nous différencie d’autres organisations. »

Pour elle, le pays clé pour la francophonie reste la République démocratique du Congo, et ses 40 millions de « vrais » francophones. Elle y a fait campagne sous la présidence de Joseph Kabila, et elle est retournée à Kinshasa fin mars dernier, à la rencontre des nouvelles autorités. Interrogée sur les relations entre son pays d’origine et la RDC, qui ont été longtemps conflictuelles, elle estime qu’elles sont à présent « apaisées ». « Ce fut une très belle visite, j’ai notamment rencontré de jeunes universitaires et des femmes entrepreneurs », dont elle salue la passion et l’énergie.

La menace djihadiste en Afrique est également au centre des préoccupations. Un des projets est de réanimer la Radio de la Paix, une radio francophone basée au Burkina Faso, qui émettra dans la région du Sahel, et pas seulement en français.

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