Les dirigeants des pays de l'Apec © REUTERS

Libre-échange: les pays de l’Asie-Pacifique avancent sans les États-Unis

Le Vif

Onze pays de l’Asie-Pacifique ont trouvé samedi un cadre pour un nouvel accord de libre-échange sans les Etats-Unis, au lendemain d’un discours au Vietnam de Donald Trump à la tonalité résolument isolationniste.

Dans une déclaration commune publiée samedi matin, ces pays expliquent « s’être mis d’accord sur les éléments essentiels » pour un nouveau traité, après plusieurs jours d’âpres négociations, en marge du sommet des 21 pays de l’Apec, à Danang au Vietnam.

Il aura fallu des mois à ces pays pour surmonter le tsunami enclenché par l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Trois jours après son entrée en fonction, le président américain avait en effet décidé du retrait des Etats-Unis de l’accord de partenariat transpacifique (TPP), le plus grand projet de zone de libre-échange jamais conclu.

Vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine, ce traité avait été signé en 2015, après des années de difficiles négociations, par 12 pays d’Asie-Pacifique représentant 40% de l’économie mondiale.

Il prévoyait une ouverture substantielle des marchés des produits agricoles pour le Canada, les Etats-Unis et le Japon, que cela soit pour le sucre, le riz, le fromage ou le boeuf.

Il établissait également des mécanismes pour examiner les contentieux entre les investisseurs étrangers et les gouvernements. Et il imposait aussi à des pays comme le Vietnam, le Mexique et la Malaisie d’améliorer les normes de protection des travailleurs.

Autant de questions à renégocier pour les 11 pays car le départ des Etats-Unis, première économie, a rebattu les cartes.

Samedi matin, François-Philippe Champagne, le ministre du Commerce du Canada a salué les « grands progrès » réalisés.

Mais le Canada a toutefois précisé dans un communiqué qu' »il restait encore un certain nombre de problèmes en suspens ».

Ce pays insisterait notamment sur les clauses progressistes qui avaient été négociées dans le TPP.

Influence de la Chine

Traditionnels défenseurs du libre-échange sous des administrations démocrates comme républicaines, les Etats-Unis se sont engagés, sous l’impulsion de Donald Trump, dans un changement de cap radical.

Vendredi, devant les dirigeants de l’Asie-Pacifique (Apec) réunis à Danang, dans le centre du Vietnam, pour leur forum annuel, le président américain est resté inflexible.

Il a défendu bec et ongle sa décision, martelant que l’Amérique ne signerait plus de « grands accords » qui l’obligent « à renoncer à sa souveraineté ».

Dénonçant « les abus commerciaux chroniques » que les Etats-Unis ne peuvent plus « tolérer », vouant aux gémonies les accords multilatéraux qui « lient les mains » de son pays, Donald Trump a défendu vendredi l' »Amérique d’abord ».

Quelques minutes plus tard, dans un contraste saisissant, le président chinois Xi Jinping, s’était posé un grand défenseur de la mondialisation.

Le renforcement de l’influence de la Chine étant l’une des grandes craintes du Japon, le pays a été particulièrement actif dans les négociations pour un nouveau TPP, craignant qu’un nouveau délai ne condamne définitivement l’accord.

Mais le Canada rappelle que ce traité « fixera les termes des échanges commerciaux pour des générations », a expliqué à l’AFP un membre de la délégation canadienne.

Pour Deborah Elms, du Centre asiatique pour le commerce, même sans les Etats-Unis, le TPP sera « l’accord commercial le plus important signé ces 20 dernières années ».

Sans les Etats-Unis, le TPP ne représente que 13,5% de l’économie mondiale.

Samedi, Donald Trump et ses homologues chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine se joindront aux dirigeants de toute la région Asie-Pacifique (Apec) pour des discussions à huis clos.

L’Apec, dont les 21 Etats rassemblent 40% de la population mondiale, compte des membres aussi divers que la Russie, le Pérou ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

AFP

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