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Les réfugiés n’apportent pas de maladies: « C’est nous qui les rendons malades »

Lina El Bakkali
Lina El Bakkali Collaboratrice Knack.be

Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé révèle que les migrants et les réfugiés sont généralement en bonne santé, mais tombent malade dans le pays d’accueil en raison de mauvaises conditions de vie. « Cela va à l’encontre de ce que pense l’opinion publique ».

Ces dernières années ont été marquées par des débats très politisés et polarisants sur la migration, et l’on a parfois tendance à oublier les faits. Pour contrer certaines contrevérités, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport sur la santé des réfugiés et des migrants. La Commission européenne met également fin à certains mythes persistants dans une nouvelle fiche d’information sur la migration. Contrairement à la croyance populaire, il ne semble pas y avoir de lien systématique entre la migration et l’apparition de maladies infectieuses dans le pays d’accueil.

Ines Keygnaert (Université de Gand) a contribué au rapport de l’OMS. « Il y avait très peu de données sur les effets de la migration sur la santé du pays d’accueil. C’est donc une bonne chose qu’il y ait enfin un rapport qui affirme que les migrants et les réfugiés ne représentent pas un danger. L’opinion publique part souvent de ce principe, parce que c’est que certains politiciens veulent nous faire croire. »

Le pays d’accueil est bien protégé

Le risque d’importer des maladies infectieuses exotiques et rares en Europe est extrêmement faible. « Nous vivons à une époque de vaccinations et de connaissances scientifiques avancées. Nous sommes généralement bien protégés contre les maladies transmissibles qui débarqueraient de toute façon », explique le virologue Marc Van Ranst (KULeuven).

« La population belge est vaccinée contre la plupart des maladies. Évidemment, on ne peut pas se protéger contre tout. La probabilité que des maladies transmissibles se déclarent n’est bien sûr pas nulle. Mais notre système de soins de santé nous permet de détecter rapidement si une personne est atteinte d’une maladie transmissible. Tout le monde a intérêt à ce que les migrants soient bien soignés, qu’ils restent ici ou qu’ils soient en transit. C’est ainsi qu’on empêche la maladie de se propager », dit Keygnaert.

Mauvaises conditions de vie

Bien que les migrants et les réfugiés soient souvent relativement en bonne santé, ils risquent de tomber malade pendant leur voyage vers leur destination finale ou dans le pays d’accueil. En cause : les conditions de vie déplorables, les mauvaises conditions de logement, le manque d’hygiène, les changements dans leur mode de vie, l’insuffisance de nourriture et d’eau, et un stress accru.

De nombreux migrants qui arrivent ici étaient en bonne santé dans leur pays d’origine. Des pays comme la Syrie vaccinaient très bien avant la guerre, de sorte qu’ils ont évité l’apparition de nouvelles maladies. Les migrants contractent de nombreuses maladies, transmissibles et non transmissibles, ici », déclare Van Ranst.

« On pourrait presque dire que c’est nous qui faisons en sorte que la santé des migrants se détériore plutôt que l’inverse. Plus les migrants restent longtemps, plus l’effet sur leur santé est négatif. Par exemple, nous constatons que les femmes enceintes qui viennent d’arriver donnent généralement naissance à un enfant en bonne santé. Quand la même femme accouche une nouvelle fois deux ans plus tard, on constate une détérioration de sa santé et de celle du bébé. L’exposition à divers facteurs de stress et à de mauvaises conditions de vie en général entraîne une détérioration de la santé », explique Keygnaert.

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