Mike Pompeo et le Sheikh Mohammed bin Abdulrahman al-Thani (Qatar) © BELGAIMAGE

Les négociateurs afghans s’apprêtent à entrer dans le vif du sujet

Le Vif

Le gouvernement afghan et les talibans s’apprêtent dimanche à entrer dans le vif du sujet au deuxième jour de leurs pourparlers de paix à Doha avec comme sujet principal la recherche d’un cessez-le-feu permanent.

Lors de la cérémonie inaugurale samedi, le gouvernement et ses alliés, y compris les Etats-Unis, ont insisté sur un cessez-le-feu. Mais les talibans qui combattent le gouvernement et les Etats-Unis depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir en 2001 n’ont pas fait mention d’une trêve.

Toutefois, le responsable du processus de paix du côté du gouvernement, Abdullah Abdullah, a affirmé lors d’un entretien à l’AFP que les talibans pourraient accepter un cessez-le-feu en échange d’une nouvelle opération de libération de prisonniers. « Il est possible » que les talibans envisagent cette option, a estimé M. Abdullah, alors que 5.000 insurgés ont déjà été relâchés par Kaboul contre un millier de membres des forces afghanes dans le cadre d’un échange prévu dans l’accord américano-taliban signé en février, déjà à Doha.

Un cessez-le-feu « pourrait être une de leurs idées ou de leurs demandes », a ajouté le chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale.

« Nous allons sans aucun doute relever de nombreux défis dans les pourparlers dans les prochains jours, semaines et mois », a reconnu samedi le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, qui s’était rendu à Doha pour l’ouverture des discussions, en exhortant les deux parties à « saisir l’occasion » de faire la paix pour les générations futures.

Dix-neuf ans après l’intervention internationale menée par les Etats-Unis dans le sillage des attentats meurtriers du 11 septembre 2001, et qui a chassé les talibans du pouvoir, la guerre tue encore quotidiennement des dizaines de personnes. Alors que les comités techniques des deux parties devaient se réunir dimanche pour élaborer un ordre du jour pour les pourparlers, des violences ont eu lieu sur le terrain.

– Première rencontre « très positive » –

Selon des responsables, six policiers ont été tués dans la nuit lors d’une attaque des talibans à Kunduz (nord), tandis que cinq officiers péri lors d’une autre, dans la province de Kapisa, près de la capitale.

L’explosion d’une mine artisanale à Kaboul a blessé deux civils et une autre explosion dans la même ville n’a fait aucune victime.

Le négociateur en chef des talibans, Abdul Ghani Baradar, a rappelé lors de la cérémonie d’ouverture la volonté des insurgés de voir l’Afghanistan régi par un « système islamique » où la loi serait dictée par un islam rigoriste.

A l’inverse, le gouvernement du président Ashraf Ghani insiste pour maintenir la jeune république et sa Constitution, qui a consacré de nombreux droits, notamment pour les minorités religieuses et les femmes, qui seraient les grandes perdantes d’un retour aux pratiques en vigueur sous le joug des talibans (1996-2001).

M. Ghani a appelé, dans un communiqué, à « une paix durable et digne » préservant « les acquis des 19 dernières années ».

Quatre femmes figurent parmi les 21 négociateurs gouvernementaux, contre aucune côté talibans.

La première rencontre a été « très positive », a remarqué Habiba Sarabi, l’une des négociatrices.

Ces pourparlers de paix, soutenus par les Etats-Unis, avaient été retardés de six mois en raison de désaccords sur l’échange de prisonniers négocié en février.

Le conflit afghan a fait des dizaines de milliers de morts, dont 2.400 soldats américains, et fait fuir des millions de personnes. Il a coûté plus de mille milliards de dollars à Washington.

Beaucoup d’Afghans craignent le retour au pouvoir –partiel ou total– des talibans, en position de force dans ces négociations après leur accord avec les Etats-Unis et qui contrôlent déjà la moitié du territoire afghan.

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