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Les migrants renvoyables en Turquie commencent à être libérés sur les îles grecques

La Grèce a commencé à laisser sortir des camps de rétention des migrants demandeurs d’asile, soit actuellement 7.500 personnes, voués au renvoi en Turquie en cas de refus, en vertu de l’accord signé entre l’Union européenne et Ankara, ont indiqué mardi les autorités grecques.

Sur les îles grecques, les migrants ayant demandé l’asile – soit « l’écrasante majorité » des personnes arrivées après l’entrée en vigueur de l’accord du 20 mars – sont autorisées à quitter les camps » au-delà de 25 jours de rétention, a expliqué un porte-parole de l’Organe de coordination de la politique migratoire (Somp). Il y a près de 7.500 personnes concernées, selon cette source.

Ces migrants ne peuvent toutefois quitter les îles et doivent y rester à disposition des autorités en cas de renvoi vers la Turquie selon les termes de cet accord. Signé à Bruxelles le 18 mars mais critiqué par l’ONU et des ONG, l’accord UE-Ankara prévoit le retour en Turquie de tout migrant arrivé en Grèce depuis le 20 mars, y compris les demandeurs d’asile syriens, et n’ayant pas fait de demande d’asile ou dont la demande a été rejetée.

L’organisation Human Rights Watch (HRW) a estimé que les premiers renvois en Turquie le 4 avril avaient donné lieu à des « violations des droits » des migrants, et s’est dite inquiète de leur sort dans ce pays qui « ne peut être considéré comme sûr ».

Cette mesure doit notamment permettre de soulager les centres de rétention grecs, dont celui de Moria à Lesbos où quelques 3.000 personnes étaient internées lors de la visite du pape François samedi.

Les conditions de vie y sont dénoncées comme indignes par les ONG. Grâce à l’arrivée d’une centaine d’experts européens de l’asile, un quart des renforts promis par l’Union européenne, les services grecs ont entamé depuis la semaine dernière l’examen de « plusieurs centaines » de ces demandes, selon le Somp.

Les prochains renvois auront lieu « quand un nombre suffisant de personnes n’ayant pas demandé l’asile ou dont les demandes ont été rejetées aura été identifié », a indiqué son porte-parole. Au vu des délais de procédure, Athènes avait prévenu d’une telle « pause » dans les expulsions, entamées la semaine du 4 avril avec le renvoi de 325 personnes, surtout des Pakistanais, officiellement non demandeurs d’asile.

Depuis la signature de l’accord, le nombre d’arrivées en Turquie s’est stabilisé autour d’une centaine par jour, un dixième de moins que cet été. « Cela fait quand même encore plus de 3.000 par mois », a précisé le Somp soulignant la difficulté de la situation pour la Grèce « si parallèlement le plan européen de répartition dans l’UE des réfugiés arrivés avant le 20 mars ne s’accélère pas ».

Quelques 50.000 personnes sont toujours bloquées en Grèce depuis la fermeture fin février de la route des Balkans, dont plus de 10.000 dans le camps d’Idomeni, à la frontière avec la Macédoine. HRW a accusé les autorités grecques et européennes d’avoir violé les droits de ces expulsés, sur la base d’un rapport concernant 66 d’entre eux renvoyés de l’île de Chios. « Ils n’ont pas été informés qu’ils allaient être renvoyés et certains n’ont pas pu garder leurs affaires », a affirmé l’ONG.

Leur sort en Turquie reste inconnu et les autorités turques n’autorisent pas les organisations humanitaires à entrer en contact avec eux, notamment dans le centre Pehlivankoy, près d’Edirne, où ils ont été conduits selon les médias, s’inquiète HRW.

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