A l’heure où téléphones » intelligents » et applications mobiles semblent être devenus indispensables, les chiffres de vente des GSM traditionnels se maintiennent. Parfois appelés » dumb phones « , les vieux téléphones comportent quelques vrais avantages et sont de plus en plus utilisés en alternance avec des smartphones.
En quelques années, c’est presque comme si tout le monde les avait oubliés. Il est pourtant probable que vous en conserviez encore un dans le tiroir d’une commode, « au cas où ». Rebaptisés « dumb phones », soit « téléphones bêtes », les téléphones minimalistes qui ne permettent souvent que de téléphoner, envoyer des SMS ou tenir un agenda conservent un certain succès. Et se trouvent de nouveaux arguments de vente.
La tendance actuelle est en effet aux « flip phones », ces téléphones basiques dont l’usage est combiné avec un smartphone. L’occasion, par exemple, de laisser son téléphone intelligent de côté une fois rentré à la maison, et d’éviter ainsi la tentation de vérifier ses e-mails au milieu d’un repas familial ou d’un épisode de Game of Thrones. Aujourd’hui, des célébrités comme la pop star Rihanna ou l’acteur Eddie Redmayne s’affichent sans complexe en public, « dumb phone » à l’oreille. Le milliardaire Warren Buffet faisait lui voeux de fidélité à son vieux Nokia à clapet sur CNN, affirmant qu’il ne « jetait jamais rien à la poubelle qui n’ait préalablement servi moins de 20 ou 25 ans ». Avant d’ajouter qu’il n’avait envoyé qu’un seul e-mail de toute sa vie.
Les raisons qui poussent les gens à retourner vers ce type de téléphones sont multiples. Il y a notamment l’envie de marquer un moment de pause face aux flux constants d’informations et de notification que nous envoient nos smartphones. Mais ce n’est pas tout. La solidité et la fiabilité des vieux GSM en font des appareils durables, qui ne risquent pas de fonctionner au ralenti après une courte période, comme c’est le cas avec de nombreux smartphones. Leur prix constitue enfin un des avantages principaux, sans parler de la durée de vie de la batterie. A l’heure où trouver une prise pour charger son smartphone est devenu un combat constant, la plupart des GSM classiques peuvent rester allumés plusieurs jours d’affilée.
Même s’ils courent loin derrière les smartphones sur le marché du mobile, les vieux GSM restent dans le coup. Aux Etats-Unis, leurs ventes ont même augmenté entre 2014 et 2015, rapporte l’AFP. Elles sont passées de 22 à 24 millions en un an. En comparaison avec les 168 millions de smartphones vendus Outre-Atlantique l’année passée, il n’est néanmoins pas encore question de parler de phénomène de masse. En Belgique, sur les 3,4 millions de GSM achetés en 2014, 25% n’étaient pas considérés comme « intelligents ».
Certains producteurs, comme Sony ou LG, ont déjà dit adieu à la production de ces engins. Mais de nouveaux acteurs surfent sur la vague de la sobriété. C’est par exemple le cas de Lightphone, une start-up qui commercialisera en juin prochain son téléphone du même nom. Un téléphone qui, pour la bagatelle de 100 dollars, vous permettra de … téléphoner, c’est tout. L’engin, aussi fin qu’une carte de crédit, a été « conçu » par deux designers plutôt surfeurs que geeks, et développé grâce à une campagne de financement participative. Aussi surprenant que cela puisse paraître, 3.187 contributeurs ont engagé en tout 415.127 dollars pour encourager la création d’un téléphone qui fait ce que des centaines d’autres pouvaient déjà faire avant lui, c’est-à-dire téléphoner. Il faut dire que la campagne de marketing autour du Lightphone, façon Silicon Valley, n’est pas loin de présenter le produit comme une « révolution ». Seule avancée notable par rapport à un GSM classique : le Lightphone dispose d’une application vous transférant tous les appels venant de contacts encodés dans votre smartphone comme « importants ». Cela permet par exemple de laisser votre smartphone à la maison quand vous partez en vacances, tout en ayant la possibilité de voir les appels de votre mère transférés sur votre téléphone d’appoint.
Si vous n’êtes pas convaincus à l’idée de dépenser une telle somme pour un simple téléphone, rassurez-vous : Nokia, Samsung et compagnie continuent de produire des « dumb phones » disponibles entre 10 et 20 euros. Même l’increvable3310 de Nokia reste trouvable sur internet aux alentours de 10 euros. Désolé si vous pensiez pouvoir revendre votre relique pour dix fois ce prix au marché vintage le plus proche.
Pour les irréductibles technophobiques et réfractaires aux ondes radiophoniques, il reste le NoPhone ZERO. Le projet de développement de ce faux téléphone absurde a tout de même obtenu près de 1,200 dollars sur la plateforme de financement collaboratif Kickstarter. Pour 10 dollars, il est aujourd’hui possible de s’offrir cette authentique brique de plastique, dont la principale fonctionnalité est « de ne pas être un téléphone ».
Par A.S. (stg.)