George Floyd, tué le 25 mai 2020 à Minneapolis: un enjeu idéologique. © belga image

Les conservateurs, George Floyd et le déni de la haine de l’autre

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Dans Une arme blanche, Jean-Pierre Le Glaunec revient sur l’influence des usages faits de l’histoire par des penseurs conservateur sur le Vieux continent. Il prend l’exemple de George Floyd et la « haine de soi » qui « masque à peine (…) celle de l’autre ».

La réplique d’un professeur d’histoire de l’université canadienne de Sherbrooke à une série d’articles sur la mort de George Floyd de Christian Rioux, correspondant à Paris du quotidien Le Devoir, pourrait apparaître assez éloignée des centres d’intérêt d’un public européen. Sauf que dans Une arme blanche (1), Jean-Pierre Le Glaunec démonte opportunément les usages faits de l’histoire par des penseurs conservateurs que l’on connaît fort bien aussi sur le Vieux Continent.

L’esclavage et le viol du corps noir ont joué un rôle substantiel dans l’émergence de l’Amérique et du capitalisme américain, rappelle l’auteur à son interlocuteur qui, dans ses chroniques parues entre le 5 juin et le 17 juillet 2020, l’a oublié et se donne à voir comme la vraie victime de l’affaire Floyd souffrant sous le joug du « politiquement correct » et de la « bien-pensance ».

« Ces penseurs du déclin jouent à avoir peur en prophétisant l’avènement prochain, là d’une « guerre civile », là d’un « combat contre l’Occident », là d' »une guerre de races », analyse Jean-Pierre Le Glaunec. Leur philosophie est fondée sur des crises dont ils grossissent à outrance les traits ou qu’ils fantasment pour mieux les faire exister. » L’auteur fustige la propension des conservateurs à juger que « manifester contre le racisme, s’interroger sur la pertinence de garder tel ou tel monument rappelant certains traumatismes du passé esclavagiste et demander des comptes à la police mèneraient tout droit à la « haine de soi » ». Cette expression, observe-t-il, « masque à peine le fait que la haine qui pose problème aujourd’hui est celle de la haine de l’autre, celle qui a mené à la mort de Floyd au bout de huit minutes et quarante-six secondes d’asphyxie ».

(1)Une arme blanche, La mort de George Floyd et les usages de l’histoire dans le discours néoconservateur, par Jean-Pierre Le Glaunec, Lux, 144 p.

Les conservateurs, George Floyd et le déni de la haine de l'autre

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire