L'artiste chinois Ai Weiwei prends un selfie avec des jeunes filles palestiniennes lors de son travail pour un documentaire sur les réfugiés à Gaza. L'artiste oeuvre beaucoup pour la cause des migrants. © REUTERS

Les chinois seraient les plus accueillants avec les réfugiés

Stagiaire Le Vif

Selon une étude réalisée par l’institut GlobScan pour le compte d’Amnesty International, les chinois seraient apparemment le peuple le plus accueillant envers les réfugiés devant l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

Ces résultats surprenants ont été récoltés lors d’un sondage auprès de 27 000 personnes dans 27 pays différents. La méthode utilisée est une échelle progressive entre le refus de l’accueil sur le territoire et l’hébergement au domicile. Cette enquête mondiale démontre entre autre que les politiques anti-réfugiés des gouvernements contrastent avec l’opinion publique. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les gens sont prêts à accueillir les réfugiés, mais les gouvernements apportent à la crise des réponses inhumaines totalement coupées de la réalité de leurs opinions publiques », explique Salil Shetty, secrétaire général de l’ONG.

Globalement, l’étude révèle que 32% des personnes sondées, tous pays confondus, seraient prêtes à accueillir un réfugié dans leur quartier, 47% dans leur ville et 80% dans leur pays. Concernant l’accueil au domicile, une personne sur 10 accepterait d’héberger un réfugié chez elle. Amnesty International espère que ces chiffres encourageront les responsables politiques à ouvrir davantage leurs portes. « La réponse des gouvernements à la crise des réfugiés ne doit pas être dictée par les grands titres des journaux. Trop souvent, les responsables politiques tiennent des discours xénophobes contre les réfugiés pour tenter de gagner en popularité. Cette enquête montre qu’ils n’écoutent pas la majorité silencieuse accueillante, qui prend à coeur la crise des réfugiés » ajoute le secrétaire général.

La Chine en tête

C’est la Chine qui a l’indice d’acceptation le plus élevé, 46% des chinois interrogés déclarent être prêts à accueillir un réfugié au sein de leur foyer. En Allemagne, la quasi-totalité de la population (96%) affirme être d’accord d’accueillir des réfugiés dans leur pays ; plus de la moitié des personnes sondées (57%) assurent être disposées à en accueillir dans leur quartier et une personne sur 10 à son domicile. Le podium est complété par le Royaume-Uni où 87% de la population accepteraient des réfugiés dans leur pays, 47% dans leur quartier et 29% chez eux. Ce qui place donc les anglais en 2ème position derrière la Chine concernant les hébergements à domicile, mais pas au classement global.

Bas du clasement

La Russie, l’Indonésie et la Thaïlande figurent en bas du classement. Seulement 1% des russes sondés s’estiment prêts à accueillir un réfugié chez eux et 61% refuseraient carrément leur entrée en Russie. D’autres pays comme la Grèce ou la Jordanie, qui ont déjà accueillis de nombreux réfugiés, se maintiennent dans le top 10.

De manière générale, 73% des personnes interrogées sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle les personnes, fuyant des persécutions ou la guerre, devaient pouvoir trouver refuge dans un pays étranger. Dans plusieurs pays concernés par la crise des réfugiés, les chiffres indiquent clairement que la population souhaiterait que le gouvernement en fasse plus pour eux comme par exemple la Grèce (74%), l’Allemagne (76%) et la Jordanie (84%) ; la moyenne globale tourne, elle, autour des 66%.

« Nous ne nous attendions pas à des niveaux de solidarité si élevés avec les réfugiés, mais ces résultats sont révélateurs de la compassion mobilisatrice que ressentent les gens pour ceux qui fuient la guerre. Ils veulent faire tout ce qu’ils peuvent pour les aider, et non leur tourner le dos. Les responsables politiques feraient bien de s’en inspirer », reconnait Salil Shetty.

Amnesty International demande aux gouvernements de réinstaller 1,2 millions de réfugiés d’ici 2017, cela représente moins d’un dixième des 19.5 millions des réfugiés présents partout dans le monde. Lors du Sommet sur l’action humanitaire qui se déroulera les 23 et 24 mai prochain à Istanbul, l’ONG souhaite appeler les gouvernements à mettre en place un système de partage des responsabilités d’aides aux réfugiés, déjà proposé il y a une dizaine de jours par l’ONU.

Selon le secrétaire général de l’ONG : « Les responsables politiques doivent cesser de céder à tentation de l’intolérance et de la division, et écouter leurs concitoyens, qui sont désireux d’aider leurs prochains. Ils doivent remédier au déséquilibre honteux qui voit les pays pauvres accueillir 86 % des réfugiés de la planète, tandis que les pays riches manquent à leurs obligations ».

Lors de ce Sommet mondial, les gouvernements devront également remédier au déficit budgétaire estimé à 15 milliards de dollars pour le financement des aides humanitaires, pour aider à la fois les réfugiés et les pays en accueillant un nombre élevé.

Par Axelle Verstraeten

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