Bush Jr. et Bush Sr. en 2006 © REUTERS

Le père Bush fustige le « cul de fer » Dick Cheney et « l’arrogant » Donald Rumsfeld

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

L’ancien président George Herbert Walker Bush, aujourd’hui âgé de 91 ans, lève un coin de voile sur sa présidence et celle de son fils dans une biographie autorisée qui paraîtra mardi prochain. Il estime ainsi que son fils était mal entouré pendant sa présidence et que lui-même a utilisé un langage inutilement belliqueux.

La dynastie Bush, qui a produit au moins 4 générations de politiques (masculins) ne vit pas ses meilleurs jours. Le candidat républicain actuel de la famille, Jeb Bush, est très bas dans les sondages (d’après certains sondages nationaux, seuls 4% des républicains sont prêts à voter pour lui) et il essaie désespérément de corriger sa campagne.

Jeb est d’avis que son père, l’ancien héros de guerre et parachutiste, vit une seconde jeunesse en suivant les péripéties de son fils. Au lieu de regarder en permanence NCIS ou CSI, le vieux Bush et son épouse Barbara se remettent à suivre les débats télévisés politiques. Et quand il n’apprécie pas ce qu’il entend, il lance sa chaussure vers le poste, dixit Jeb.

Depuis quelque temps, Bush Sr., vice-président sous Ronald Reagan avant d’être élu président pour un mandat en 1988, est cloué dans un fauteuil roulant, en proie à une forme spécifique de la maladie de Parkinson. Mais d’après Jeb, il est à nouveau tout à fait en mode politique, bien informé et en colère.

41 versus 43

Sa biographie intitulée « Destiny and Power: The American Odyssey of George Herbert Walker Bush » a été écrite par Jon Meacham, historien et ancien rédacteur en chef de Newsweek. Meacham a pu interviewer son sujet, mais également consulter les journaux intimes écrits et parlés de Bush Sr. et Barbara Bush.

Bush senior, par facilité les Américains et même ses enfants l’appellent « 41 » (il était le 41e président des États-Unis), avait toujours eu l’intention de ne pas commenter les carrières politiques de ses enfants et de ses petits-enfants, mais dans sa biographie, il n’hésite pas émettre certaines critiques.

« Je m’inquiète à propos d’une partie de la rhétorique utilisée – parfois par lui, peut-être, et parfois par les gens autour de lui », déclare « 41 » à propos de son fils George W. Bush d’après le quotidien The New York Times. « Il est facile de faire la une des journaux avec une rhétorique belliqueuse, mais elle ne résout pas nécessairement les problèmes diplomatiques » ajoute-t-il.

Il cite l’exemple de « l’Axe du mal » – l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord – évoqué par Bush Jr. dans son State of The Union en 2002. « Ces propos n’ont rien amélioré et je pense qu’on pourrait le prouver historiquement ».

« Cul de fer »

Cependant, le venin le plus toxique est destiné à l’entourage de « 43 », le vice-président Dick Cheney et le ministre de la Défense Donald Rumsfeld. On se doutait déjà que Bush 41 n’appréciait pas les néoconservateurs et la belligérance radicale au sein du cabinet de son fils au détriment de la diplomatie. Mais maintenant il le dit, et selon ses dires, ce n’est pas pour excuser son fils, car celui-ci portait la responsabilité finale.

Quant à Rumsfeld, c’est un « type arrogant » qui a « mal servi le président » et qui n’avait pas la capacité de comprendre la pensée des autres.

Cependant, malgré ses critiques à l’égard de la dureté des collaborateurs de son fils, Bush Senior se déclare d’accord avec l’invasion en Irak. Et il a toujours été contre le mariage gay, mais a « adouci » sa position au fil des ans. L’état, dit-il, ne doit pas empêcher les gens de trouver leur bonheur.

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