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Le Parlement turc adopte une motion autorisant un déploiement en Libye

Le Parlement turc a adopté jeudi, à 325 voix contre 184, une motion autorisant pendant un an un déploiement militaire en Libye pour aider le gouvernement d’union nationale (GNA), soutenu par l’Onu, face aux forces de l’homme fort de l’est libyen Khalifa Haftar. Le président turc Racep Tayyip Erdogan a indiqué que le GNA avait demandé de l’aide à Ankara.

Il était attendu que cette motion serait adoptée facilement étant donné que le parti du président Erdogan, l’AKP, et son allié d’extrême droite le MHP, détiennent la majorité au Parlement. Une session d’urgence avait été convoquée pour discuter de la résolution, qui autorise le président à « décider de la limite, de l’étendue, de la quantité et du calendrier, pour mener, si nécessaire, des opérations et interventions militaires ».

La motion adoptée affirme que l’armée d’Haftar, la LNA, menace de cibler des ressortissants et entreprises turcs en Libye ainsi que des navires turcs à la côte libyenne. La guerre civile en Libye menace aussi les intérêts turcs en Méditerranée et en Afrique du Nord, souligne le mandat. Les principaux partis d’opposition ont voté contre le texte, arguant qu’une intervention en Libye pourrait déstabiliser la région et entraîner la Turquie, qui a perdu plusieurs dizaines de soldats en Syrie, dans un nouveau bourbier. Le Parlement turc a déjà approuvé des mandats similaires par le passé. En octobre, il avait renouvelé le déploiement de soldats en Syrie et en Irak pour un an.

Le lendemain, la Turquie lançait une offensive dans le nord-est de la Syrie. En novembre, la Turquie et le GNA on signé deux accords controversés sur la coopération militaire et sécuritaire ainsi que sur les frontières maritimes. En avril, le maréchal Khalifa Haftar a lancé une offensive sur la capitale libyenne Tripoli. Le vice-président turc a précisé mercredi que la Turquie n’enverrait pas de soldats en Libye, même avec l’adoption de la motion, si les forces du maréchal cessaient leur attaque. Le maréchal Haftar est soutenu par l’Égypte, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Russie.

« L’Égypte condamne fermement ce mandat qui viole les résolutions des Nations Unies », a déclaré jeudi le ministère des affaires étrangères égyptien, qui a aussi pointé les répercussions sur la stabilité de la région d’une éventuelle intervention militaire turque en Libye. Le président russe Vladimir Poutine doit d’ailleurs se rendre à Istanbul le 8 janvier pour inaugurer un gazoduc avec son homologue turc. Même si Moscou dément, l’émissaire de l’Onu en Libye, Ghassan Salamé, et le président Erdogan affirment que des mercenaires russes sont engagés aux côtés des forces de Haftar.

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