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Le nouveau patron du Pentagone cherche à rassurer les alliés de l’Otan

Le nouveau patron du Pentagone, Mark Esper, s’est efforcé mercredi de rassurer les alliés de l’Otan, préoccupés par la succession d’interlocuteurs depuis le départ de Jim Matthis, limogé en décembre par le président américain Donald Trump, très critique contre les Européens.

« J’ai tenu à venir (participer à la réunion des ministres de la Défense de l’Otan) pour dire que ma nomination ne comporte aucun changement dans la mission, ni dans les priorités, ni dans l’engagement des Etats-Unis envers l’Alliance », a-t-il affirmé à son arrivée au siège de l’Otan où il a été accueilli par le secrétaire général, Jens Stoltenberg. Militaire comme l’ex-général Matthis, M. Esper, 55 ans, a rappelé avoir servi en Italie, où il a participé à de nombreux exercices de l’Otan, puis avoir suivi les relations avec l’Alliance au Pentagone où il était un des adjoints de Patrick Shanahan (son prédécesseur comme ministre de la Défense par intérim). M. Esper a également rappelé avoir été en opérations durant la première guerre d’Irak en 1991.

Le limogeage de M. Matthis, en désaccord avec le président Trump, a inquiété les alliés et la valse des nominations à la tête du Pentagone ne les a pas rassurés, sur fond de critiques récurrentes du locataire de la Maison Blanche à l’égard des Européens. Mercredi le président américain a ainsi – une nouvelle fois – accusé l’Allemagne d’être un partenaire « défaillant » et mauvais payeur quelques heures avant de partir pour le sommet du G20 à Osaka où il retrouvera la chancelière Angela Merkel. « L’Allemagne verse des milliards et des milliards de dollars à la Russie pour son énergie et malgré cela nous sommes censés protéger l’Allemagne », s’est-il emporté dans un entretien à Fox Business.

M. Trump avait porté des accusations similaires lors du dernier sommet de l’Otan en juillet 2018. Le secrétaire général de l’Otan a tenté de calmer le jeu en insistant sur l’augmentation des budgets militaires des alliés européens, en l’absence du ministre belge de la Défense et des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui a préféré mener campagne jusqu’au bout – mais en vain -, pour devenir secrétaire général du Conseil de l’Europe.

Les chiffres 2019 montrent une progression de 3,9% pour l’ensemble des alliés européens et le Canada, soit une augmentation de 41 milliards de dollars, a souligné M. Stoltenberg en s’adressant à M. Esper. Six pays (Grèce, Estonie, Lettonie, Roumanie, Pologne et Royaume-Uni) ont consacré au moins 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leurs dépenses de Défense en 2019 et la Lituanie est à 1,98%, selon les données de l’Otan. La France (1,84%) s’est engagée à atteindre le seuil de 2% en 2025. Première économie de l’UE, l’Allemagne est en revanche en retard avec 1,36%. Et la Belgique a bénéficié de nouvelles normes, inspirées de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE), pour quitter, avec 0,93% estimés en 2019, l’antépénultième place, laissée à l’Espagne (0,92%), devant le plus mauvais élève de la classe, le Luxembourg (0,55%). La discussion sur les dépenses militaires est prévue jeudi au deuxième journée de la réunion ministérielle à Bruxelles.

M. Esper a rencontré mercredi son homologue turc Hulusi Akar et lui a réitéré la mise en garde de Washington contre l’achat du système de missiles russes S-400. L’entretien a été qualifié de « franc et transparent » par un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman. Les Etats-Unis et l’OTAN s’inquiètent du fait que la Turquie achète des missiles conçus pour abattre des avions comme le F-35, le chasseur furtif de nouvelle génération des Etats-Unis dont la Turquie souhaite acheter 100 exemplaires.

M. Esper a réaffirmé à son homologue turc que l’achat par la Turquie du système russe de défense antimissile est incompatible avec le programme F-35 et que la Turquie ne sera pas autorisée à avoir les deux systèmes, a expliqué le porte-parole. Les Etats-Unis ont fixé au 31 juillet la date limite pour qu’Ankara renonce à l’achat du système russe. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi à Ankara que les pays de l’Otan ne devraient pas se sanctionner les uns les autres, dans une allusion aux mesures de rétorsion évoquées par Washington en cas d’acquisition des missiles russes.

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