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Le G20, un sommet soumis aux humeurs de Trump

Les dirigeants du G20 se retrouvent vendredi à Buenos Aires pour un sommet dont Donald Trump a de facto dicté une grande partie de l’agenda, qu’il s’agisse du difficile dialogue avec Vladimir Poutine ou de la querelle commerciale avec la Chine.

Ce sommet est aussi la première occasion pour les dirigeants mondiaux de s’entretenir directement avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (« MBS ») depuis le scandale suscité par l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Donald Trump, bousculé chez lui par une enquête toujours plus menaçante sur l’ingérence russe avant l’élection présidentielle de 2016, s’est employé à échauffer les esprits avant même son arrivée.

L’imprévisible président américain a pris tout le monde de court en annulant jeudi, via Twitter, une rencontre très attendue avec le président russe Vladimir Poutine, une heure après avoir confirmé qu’elle aurait lieu.

M. Trump a justifié sa volte-face par le fait que la Russie n’avait toujours pas restitué à l’Ukraine les navires et les marins capturés le 25 novembre au large de la Crimée.

Le Kremlin a « regretté » vendredi cette décision, estimant que « les discussions sur des questions internationales et bilatérales graves sont reportées indéfiniment ».

L’Américain souffle aussi le chaud et le froid avant un entretien bilatéral avec le président chinois Xi Jinping, très attendu alors que l’escalade de représailles commerciales entre les deux titans pèse déjà sur la croissance mondiale.

Rester fidèle au crédo du multilatéralisme

Face à l’activisme d’un président américain qui dédaigne les usages diplomatiques, l’enjeu de ce G20 sera de rester fidèle au credo du multilatéralisme qui avait présidé à sa toute première édition en 2008, sur fond de panique financière.

« Autour de la table du G20, les doutes sont là, les formes d’agressivité ressortent, les fractures reparaissent », a dit jeudi soir le président français Emmanuel Macron.

« Beaucoup voudraient faire croire qu’on résoudrait mieux nos difficultés en étant belliqueux, isolationnistes et en refermant nos frontières », a-t-il poursuivi. Sans nommer son homologue américain, avec lequel les relations, très cordiales au début, se sont nettement rafraîchies.

Les chefs d’Etat et de gouvernement se retrouvent pour deux jours dans une capitale argentine sous très haute surveillance. Victime d’une « panne sérieuse » de son avion qui a été contraint de rebrousser chemin, la chancelière allemande Angela Merkel les rejoindra in extremis pour le dîner de vendrdei.

Les autorités argentines, critiquées pour leur incapacité à contenir les débordements autour d’un match de football samedi dernier, ont fait savoir qu' »aucune violence » ne serait tolérée, un an après un G20 de Hambourg marqué par des affrontements.

Une grande manifestation est prévue samedi à Buenos Aires, à l’appel de nombreuses ONG et associations.

Au-delà de la critique du G20 lui-même, c’est tout le ressentiment d’un pays miné par une longue crise économique, et promis à une cure d’austérité, qui devrait s’exprimer à cette occasion.

Signature d’un accord commercial et rencontres en petit comité

Dans un contexte de montée du protectionnisme, la signature officielle prévue vendredi d’un nouvel accord commercial entre Etats-Unis, Canada et Mexique, fera presque figure d’anomalie.

Reste à savoir si les leaders du G20 parviendront eux mêmes à parapher, à l’issue de leurs débats samedi, un communiqué final réflétant un consensus même minime sur quelques grands défis internationaux.

La rédaction de ce texte à la portée surtout symbolique bute en particulier sur la question du libre-échange, et sur le sujet du changement climatique.

« Aurons-nous un communiqué? La question se pose vraiment », se demande Thomas Bernes, ancien haut fonctionnaire international devenu expert au Centre for International Governance Innovation.

Entre une photo de famille et une réunion de travail, les participants du G20 multiplieront aussi les rencontres en tête-à-tête, ou en petit comité.

Dans des formats parfois inédits: il est ainsi prévu que Donald Trump voie les Premiers ministres japonais Shinzo Abe et indien Narendra Modi, une première.

Vladimir Poutine quant à lui, cible d’intenses critiques après l’escalade militaire déclenchée par la Russie contre l’Ukraine en mer d’Azov, doit voir Xi Jinping et Narendra Modi.

Mais aussi Shinzo Abe, au moment où Moscou et Tokyo s’activent pour trancher un vieux différend territorial autour des îles Kouriles, qui empêche jusqu’ici les deux pays de mettre un point final à la Seconde Guerre mondiale.

Le président russe a aussi prévu vendredi de voir Emmanuel Macron, qui a organisé une réunion de coordination entre Européens avant que le début du sommet.

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