Un char de la RPD dans un quartier de Marioupol en feu, se dirige vers l'usine Azovstal, une des dernières poches de résistance ukrainienne, le 16 avril 2022

Le complexe sidérurgique quasi centenaire Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne à Marioupol

Le Vif

Le complexe sidérurgique et métallurgique Le sità Marioupol (sud-est), au bord de la mer d’Azov, constitue la dernière poche de résistance pour les combattants ukrainiens face à l’armée russe qui pilonne et assiège la ville depuis début mars.

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné jeudi de les assiéger, « de sorte que pas une mouche ne passe », renonçant à donner l’assaut du site industriel qui comporte des kilomètres de galeries souterraines.

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, « environ un millier de civils, femmes et enfants » et « des centaines de blessés » sont réfugiés avec les combattants dans cette immense usine.

Les derniers combattants ukrainiens dans Azovstal refusent, eux, de se rendre et réclament « l’aide » de la communauté internationale pour les évacuer, et en priorité les civils.

Usine des années 30

Les origines du complexe remontent aux années 30, selon l’historique exposé sur le site internet d’Azovstal.

Le 2 février 1930, le Conseil suprême de l’économie nationale, qui gérait la politique économique de l’URSS, décide de construire une nouvelle usine sidérurgique à Marioupol.

En 1933, la production de fer débute sur le site. Deux ans plus tard, c’est la production d’acier qui commence.

Le 7 octobre 1941, peu après l’invasion de l’URSS par l’armée allemande, la production est arrêtée. Les derniers employés présents quittent le site le lendemain.

Deux ans plus tard, le 7 septembre 1943, l’armée de l’Allemagne nazie fait exploser toutes les installations, laissant le site en ruines. L’aciérie sera toutefois rapidement reconstruite après le départ des Allemands.

Une des plus grandes aciéries d’Europe

En 2006, le site est racheté par le groupe Metinvest, contrôlé par l’homme le plus riche d’Ukraine, Rinat Akhmetov.

Autrefois étiqueté prorusse, cet oligarque ukrainien a dénoncé en mars des « crimes contre l’humanité », promettant de ne pas quitter l’Ukraine.

Avant l’invasion russe le 24 février dernier, Azovstal produisait chaque année 5,7 millions de tonnes de fer, 6,2 millions de tonnes d’acier et 4,7 millions de tonnes de produits laminés, toujours selon son site internet, ce qui faisait d’elle une des plus grandes aciéries d’Europe.

Le site d’Azovstal, site parfait pour la guérilla urbaine.

« Une ville dans la ville »

« C’est une ville dans la ville, et il y a plusieurs niveaux souterrains datant de la période soviétique, ce n’est pas possible de bombarder d’en haut, il faut nettoyer sous terre. Cela prendra du temps », expliquait début avril Edouard Bassourine, représentant des forces séparatistes prorusses de Donetsk.

Site d'Azovstal photographié le 21 avril 2022
Site d’Azovstal photographié le 21 avril 2022© Belga Images

Des combats dans une zone de plusieurs kilomètres carrés ponctués de voies ferrées, entrepôts, fours à coke et cheminées, auxquels il faut ajouter plusieurs kilomètres de tunnels : un site parfait pour la guérilla urbaine.

Sur des images de drone diffusées dimanche par l’agence d’Etat russe Ria Novosti, on pouvait apercevoir un ensemble de bâtiments entièrement soufflés, certains encore fumants, dans un paysage de désolation.

Mi-mars, le directeur général d’Azovstal, Enver Tskitichvili, avait assuré sur les réseaux sociaux vouloir « retourner dans la ville, reconstruire et relancer le site ». Avant de conclure: « Parce que Marioupol, c’est l’Ukraine. Azovstal, c’est l’Ukraine ».

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