Des manifestants dans les rues de Tunis, pour le 58e anniversaire de l'indépendance tunisienne. © REUTERS/Anis Mili

La Tunisie, endeuillée par l’attaque du Bardo, commémore son indépendance

La Tunisie commémore vendredi son indépendance dans le deuil, deux jours après l’attentat revendiqué par le groupe Etat islamique contre des touristes au musée du Bardo à Tunis, dont les auteurs se sont entraînés en Libye selon les autorités.

Le président Béji Caïd Essebsi doit de nouveau s’adresser en soirée à la nation à l’occasion du 59e anniversaire de l’indépendance, après avoir promis une lutte « sans pitié contre le terrorisme ».

Une centaine de personnes ont manifesté « contre le terrorisme », en matinée dans le centre de Tunis, et quelques centaines sur l’île de Djerba (sud), haut lieu du tourisme, alors que l’attaque contre le plus prestigieux musée du pays a porté un coup à ce secteur vital.

Le président François Hollande a confirmé la mort d’un troisième Français dans l’attentat.

Revendiquée par l’EI, cette attaque sans précédent depuis la révolution de janvier 2011 a coûté la vie à 20 touristes étrangers et un policier tunisien. L’identité de trois des victimes doit encore être déterminée, selon le ministère tunisien de la Santé.

Les deux assaillants, qui ont tiré à la Kalachnikov sur leurs victimes alors qu’ils descendaient de leurs cars, se sont formés au maniement des armes en Libye, a indiqué le secrétaire d’Etat aux affaires sécuritaires Rafik Chelly. Il s’agit de « deux éléments extrémistes salafistes » qui avaient « quitté clandestinement le pays en décembre » pour ce pays, en proie au chaos, a-t-il ajouté.

Cellules dormantes

Tués par les forces de sécurité, les deux assaillants étaient « des éléments suspects » faisant partie « de ce qu’on appelle les cellules dormantes (…) et dont nous savons qu’ils peuvent mener des opérations mais il faut rassembler les indices pour pouvoir mener une arrestation », a avancé M. Chelly. L’un d’eux, Yassine Abidi, avait été arrêté avant son départ en Libye, a-t-il ajouté.

On a appris vendredi auprès de la police et de la famille de l’autre assaillant, Jabeur Khachnaoui, que le père, les deux frères et la soeur de ce dernier avaient été arrêtés, sans que l’on sache s’ils font partie des neuf interpellations annoncées la veille.

En revendiquant l’attentat jeudi dans un message sonore mis en ligne, l’EI a menacé la Tunisie de nouvelles attaques. Il s’agit de la première opération à être revendiquée par l’EI en Tunisie, mais ce groupe compte des centaines de combattants tunisiens dans ses rangs.

Répondant à des interrogations sur un éventuel retour à l’autoritarisme que pourrait entraîner la lutte antiterroriste, le président Essebsi a assuré jeudi que « le processus de mise en place du système démocratique est déjà bien ancré… il n’y aura jamais de mouvement retour ».

Il a aussi salué « la promptitude avec laquelle les forces de l’ordre se sont rendues sur les lieux » mercredi.

Une « véritable catastrophe » évitée

« Nous avons quand même réussi, grâce aux forces spéciales, à l’intervention rapide des brigades, à éviter une véritable catastrophe, parce que se trouvaient dans le musée au moment de l’attaque environ 300 personnes », a renchéri le ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli.

Mais le chef du gouvernement Habib Essid a reconnu des « failles », alors que quelques mètres séparent le musée du siège du Parlement où se tenait, au moment de l’attaque, une réunion sur la réforme de la loi antiterroriste.

Le vice-président de l’Assemblée, Abdelfattah Mourou, a affirmé que mercredi, jour de l’attaque, « il n’y avait pas de police autour du Parlement et autour du musée ». « J’ai appris qu’il y avait quatre policiers seulement qui devaient assurer la sécurité autour du Parlement, dont deux étaient au café. Le troisième mangeait un casse-croûte et le quatrième ne s’est pas présenté », a-t-il déploré.

Vendredi, le président du Conseil européen Donald Tusk et la chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini ont annoncé qu’ils se rendraient en Tunisie le 31 mars pour renforcer la coopération, en matière de sécurité notamment.

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