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La meilleure enseignante du monde prône l’apprentissage par le jeu

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Hanan al-Hroub, 43 ans, est enseignante dans une école de la périphérie de Ramallah, en Palestine. Elle vient d’être désignée meilleure enseignante du monde par une ONG adoubée par l’UNESCO, rapporte TV5Monde.

Pour enseigner, Hanan al-Hroub utilise le jeu dans le but de lutter contre les pulsions de violence de ses élèves. « Le premier jour où je suis entrée dans ma salle de classe, aucun enfant n’était assis sur sa chaise. Aucun d’entre eux ne m’écoutait. Alors j’ai sorti un ballon, je l’ai gonflé et je l’ai lancé en l’air. Les trente enfants se sont mis à sauter pour tenter de l’attraper. J’avais attiré leur attention. Ensuite, j’ai promis un ballon à tous ceux qui retourneraient à leur place. J’ai utilisé ces ballons comme un outil pour contrôler mes élèves. Depuis je me sers des jeux pour communiquer avec eux et pour maintenir une atmosphère civilisée dans ma classe« , raconte-t-elle à TV5Monde.

Pour aider ses élèves à se concentrer, elle emprunte certaines techniques au yoga et à la méditation. Sur son tableau se trouvent deux smileys. L’un sourit, l’autre tire la tête. En fonction du comportement de sa classe, elle place un bâtonnet en dessous du smiley adéquat. Au bout du troisième bâtonnet sous le bonhomme qui fait la moue, c’est la fin des jeux.

Sa classe est disposée en arc de cercle et composée de 7 tables de 4 enfants pour pouvoir facilement passer derrière eux pour les encourager ou leur donner un coup de main lors d’un exercice. Lorsqu’un élève a trouvé la solution, il est félicité et invité à taper dans la main de son professeur. Une fois l’exercice terminé, la récompense est la même pour tous, quel que soit le résultat : les élèves se rassemblent au milieu de la classe pour jouer à un nouveau jeu. Cette fois, ils doivent imiter la joie, puis les pleurs, rester figés, et enfin bouger dans tous les sens.

Pour réviser le calcul mental, Hanan al-Hroub a également sa méthode bien à elle : le jeu des chaussettes. Une compétition filles contre garçons durant laquelle les enfants doivent associer le plus rapidement possible des pinces à linge sur lesquelles sont inscrites des additions, à des chaussettes sur lesquelles se trouvent les résultats, et courir accrocher les deux ensemble sur un fil tendu sous le tableau. « La plupart des résultats sont corrects et ça leur apprend à être disciplinés et organisés« , se réjouit l’enseignante.

Dans le contexte du conflit israélo-palestinien, l’enseignante veut à tout prix prôner la non-violence auprès de ses élèves, car ayant grandi dans un camp de réfugiés à Bethléem, elle n’a pas eu d’enfance. « Si à l’époque, vous m’aviez demandé quel jeu d’enfants je connaissais, j’aurais été incapable de vous répondre. J’aurais en revanche été incollable sur la situation politique, sur les violences que l’occupation israélienne imposait à la société palestinienne« , explique-t-elle.

La méthode de Hanan al-Hroub a été remarquée et elle a été désignée « meilleure enseignante du monde » par la fondation Varkey, une ONG dirigée par un milliardaire indien basé à Dubaï, et ambassadeur de bonne volonté honoraire de l’UNESCO. Elle-même a été félicitée par le pape François en personne.

Avec ce prix, elle a également reçu une récompense d’un million de dollars qu’elle compte utiliser pour former d’autres enseignants à sa méthode.

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